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Centrafrique : mandat d'arrêt contre l'ex-président Bozizé pour de possibles crimes contre l'humanité


L'ancien président François Bozizé (à droite), chef du parti d'opposition centrafricain, s'exprime lors d'un rassemblement à Bangui, en République centrafricaine, le 24 novembre 2020. - L'élection présidentielle est prévue pour fin décembre 2020. (Photo Camille LAFFONT / AFP)
L'ancien président François Bozizé (à droite), chef du parti d'opposition centrafricain, s'exprime lors d'un rassemblement à Bangui, en République centrafricaine, le 24 novembre 2020. - L'élection présidentielle est prévue pour fin décembre 2020. (Photo Camille LAFFONT / AFP)

Un tribunal spécial parrainé par l'ONU a lancé un mandat d'arrêt international contre l'ancien président de Centrafrique François Bozizé, dans une enquête sur sa responsabilité dans de possibles crimes contre l'humanité commis par des militaires dans une prison entre 2009 et 2013.

M. Bozizé, 77 ans, qui s'était emparé du pouvoir en 2003 par un coup d'Etat avant d'être renversé 10 ans plus tard par des rebelles et qui est aujourd'hui à la tête de la principale rébellion centrafricaine, est exilé en Guinée-Bissau depuis mars 2023.

Le mandat d'arrêt international a été émis le 27 février, précise dans un communiqué la Cour Pénale Spéciale (CPS), une juridiction hybride composée à Bangui de magistrats centrafricains et étrangers, chargée de d'enquêter et de juger des crimes de guerre et contre l'humanité commis depuis 2003 en Centrafrique, un pays qui a connu une litanie de guerres civiles et régimes autoritaires depuis son indépendance de la France en 1960.

Des juges de la CPS ont émis ce mandat dans le cadre d'une "instruction" sur de possibles "crimes contre l'humanité" commis par la Garde présidentielle de M. Bozizé, entre février 2009 et mars 2013, dans "une prison civile" et un "centre d'instruction militaire" à Bossembélé, dans le centre du pays.

Les juges ont conclu à "l'existence d'indices graves et concordants à charge" de M. Bozizé, "de nature à engager sa responsabilité pénale", "en sa qualité de supérieur hiérarchique et chef militaire".

L'ex-président centrafricain Bozizé se réfugie en Guinée-Bissau
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Ces crimes présumés, commis dans la prison et le camp militaire de Bossembélé par des éléments de la garde prétorienne de M. Bozizé ainsi que "d'autres services de sécurité", concernent notamment des "meurtres", "disparitions forcées", "tortures", "viols" et "autres actes inhumains", selon la CPS, créée en 2015 avec le parrainage de l'ONU, qui réclame la "coopération de la Guinée-Bissau, par l'entremise d'Interpol" pour "arrêter" et remettre "le suspect" à la CPS en Centrafrique.

Massacres de civils

Le renversement de M. Bozizé en 2013 par une coalition de rebelles à majorité musulmane, la Séléka, avait déclenché l'une des plus terribles guerres civiles de l'histoire ce pays d'Afrique centrale parmi les plus pauvres du monde, avec des massacres de civils essentiellement. M. Bozizé avait organisé la création de milices dominées par les chrétiens et les animistes, les anti-balakas, pour tenter de reprendre de pouvoir et des milliers de civils ont été les principales victimes de massacres perpétrés par les deux camps.

L'ONU a accusé en 2018 les ex-Séléka et anti-balaka de nombreux crimes de guerre et contre l'humanité. Fin 2020, M. Bozizé avait pris la tête d'une nouvelle alliance rebelle, la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC), qui avait menacé le pouvoir du président Faustin Archange Touadéra avant que l'envoi par Moscou de centaines de paramilitaires de la société privée Wagner ne permette au pouvoir de les repousser loin de Bangui.

L'ex-président avait pris le chemin de l'exil, au Tchad voisin, avant la Guinée-Bissau en mars 2023. Il a été condamné le 22 septembre 2022 par un tribunal centrafricain aux travaux forcés à perpétuité, notamment pour "complot" et "rébellion" en tant que chef de la CPC.

Différents groupes armés, rebelles ou tout simplement prédateurs, poursuivent leur guérilla aujourd'hui en Centrafrique, contre l'armée et les paramilitaires russes, mais les civils sont à nouveau les principales victimes des deux camps accusés de crimes et d'exactions par l'ONU et les ONG internationales.

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