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Début de la campagne du référendum sur la Constitution en Côte d'Ivoire


Les membres et sympathisants du Front populaire ivoirien (FPI) protestent contre la nouvelle constitution du président Alassane Ouattara, à Abidjan, Côte-d'Ivoire, 8 octobre 2016.
Les membres et sympathisants du Front populaire ivoirien (FPI) protestent contre la nouvelle constitution du président Alassane Ouattara, à Abidjan, Côte-d'Ivoire, 8 octobre 2016.

La campagne du référendum sur une nouvelle constitution ivoirienne s'est ouvert samedi sur des bases tranchées : elle est jugée "moderne" et "stabilisatrice" par le pouvoir, "rétrograde" et "monarchique" par l'opposition.

Les deux coalitions d'opposition prônant l'abstention, l'issue du vote du 30 octobre ne fait guère de doute : sauf énorme surprise, le oui au nouveau texte voulu par le président Alassane Ouattara devrait l'emporter.

"Il n'y a pas beaucoup d'engouement", note le chercheur Meite Mamoudou qui pronostique, comme de nombreux observateurs une "forte abstention".

"Les dernières élections (présidentielle 2015) montrent que la participation est faible. Normalement, un débat sur une Constitution devrait être un grand enjeu mais en Afrique, les gens sont souvent plus intéressés par des élections avec des hommes politiques", ajoute-t-il, soulignant qu'il y a "un fort taux d'illettrisme, donc les gens ont du mal à connaitre le texte".

"Tout ça, c'est des conneries! Ce qui nous intéresse c'est la vie chère, sortir de la pauvreté. Les riches sont plus riches et les pauvres restent pauvres. La Constitution ne va rien changer. Je n'irai pas voter", s'emporte Bamory Koné, un mécanicien d'Adjamé, un quartier qui a pourtant voté majoritairement pour le président Ouattara en 2015.

Selon le président, qui avait promis un nouvelle Constitution lors de sa réélection en 2015 pour un deuxième mandat courant jusqu'en 2020, le texte va permettre de "tourner définitivement la page des crises successives" qui ont secoué le pays pendant une décennie.

Selon le pouvoir, la nouvelle constitution évacue le concept d'"ivoirité" en clarifiant les conditions d'éligibilité du président. Ses détracteurs avaient reproché à Ouattara son "origine burkinabè" et contesté son éligibilité. Le pays n'avait pas été loin de sombrer dans la guerre civile.

Le texte prévoit la création d'un poste de vice-président, qui alimente tous les fantasmes. Si la Constitution est acceptée, le président doit en effet nommer un vice-président jusqu'en 2020, et celui-ci aura toutes les chances d'être considéré comme son successeur.

En outre, la Constitution créé un Sénat, institutionnalise la Chambre des rois et chefs traditionnels et étend le domaine de compétence du Conseil économique et social à l'environnement.

- Boycottage de l'opposition -

"Oui à la paix, à la modernité", résument les affiches de campagne.

Pour le président de l'Assemblée nationale, l'ancien chef rebelle Guillaume Soro qui a des ambitions présidentielles, c'est "la stabilité de la Côte d'Ivoire que le président Ouattara recherche", précisant que le pays "a souffert 25 ans durant de l'instabilité de l'Etat".

Pour le politologue Jean Alabro, "autant l'actuelle Constitution (de 2000) était contre Ouattara (qui n'avait pu se présenter que grâce à un décret), autant celle-ci est pour Ouattara et son camp".

"Il organise sa succession. Soro est dans une situation similaire à celle de Ouattara à l'époque. Il sent bien que c'est contre lui mais il ne peut pas la critiquer", note-t-il.

De son côté, l'ensemble de l'opposition (deux coalitions distinctes) ont appelé au boycottage du scrutin.

"Comme quelqu'un l'a dit +Pourquoi se contenter de participer au digestif alors qu'on vous a exclu de l'entrée et du plat de résistance+", a ironisé Pascal Affi Nguessan, le président du Front populaire ivoirien (FPI), fondé par l'ancien président Laurent Gbagbo, principal parti d'opposition. Il estime que le texte a été préparé "en catimini" par des experts et souligne que ni l'opposition ni la société civile n'ont été consultées.

Pour lui, le président Ouattara "opère avec la Côte d'Ivoire comme un propriétaire vis-à-vis d'un patrimoine personnel. Ce qu'il nous propose c'est moins qu'une Constitution, c'est son testament pour organiser la dévolution de son patrimoine à ses successeurs de manière à ce que ce patrimoine reste dans la famille".

Jeudi, l'autre coalition de l'opposition, qui s'est baptisée "le front du refus", a organisé à Abidjan un rassemblement interdit par les autorités. Quelques centaines de manifestants ont été dispersés et ses leaders brièvement interpellés.

L'opposition a promis de nouveaux rassemblements pendant la campagne.

Avec AFP

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