Dans la capitale Bujumbura, l'essence, qui n'était disponible que trois à quatre jours par semaine depuis plus d'un mois, ne l'est plus que tous les deux jours dans quelques stations.
Et chaque fois qu'une station est approvisionnée, la nouvelle se répand comme une traînée de poudre: "des centaines de voitures et de bus se ruent sur celle-ci. Et en quelques heures, il ne reste plus une goutte", a décrit Hassan.
La pénurie a provoqué une forte hausse du prix de l'essence au marché noir qui "atteint par endroits la somme de 7.000 francs burundais le litre (3,69 euros)" alors qu'il coûte officiellement 2.100 Fbu.
Le prix des courses de taxi s'est envolé. De nombreux conducteurs ont remisé leurs véhicules et font leurs déplacements à pied dans une capitale à la circulation inhabituellement clairsemée.
La situation est encore plus difficile en province. Gitega (centre), deuxième ville du pays, vient de passer plus d'un mois sans pratiquement une seule goutte d'essence, selon plusieurs habitants.
Convoqué en urgence par l'Assemblée nationale qui voulait s'informer des "causes" de cette pénurie, le ministre burundais de l'Energie et des mines, en charge du secteur pétrolier, l'a justifiée par "le manque de devises en quantité suffisantes".
"Comme la monnaie burundaise n'est pas utilisée à l'extérieur du pays et qu'il faut des dollars américains, il arrive qu'en raison de la période que nous traversons, les importateurs de ces produits ne reçoivent pas autant de devises qu'ils le désirent pour en importer même si le gouvernement fait des efforts en ce sens", a expliqué le ministre Côme Manirakiza.
Le Burundi traverse une grave crise politique émaillée de violences depuis la candidature en avril 2015 du président Nkurunziza à un troisième mandat controversé et sa réélection en juillet de la même année.
Ces violences ont déjà fait de 500 morts à 2.000 victimes, selon les sources (ONU et ONG), des centaines de cas de disparition forcée et de torture, et ont poussé à l'exil plus de 400.000 Burundais.