"Deux de nos camarades, Hamady Ould Lehbouss et Ahmed Ould Hamdi ont été arrêtés hier (dimanche)", a affirmé un responsable de l'Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA-Mauritanie) sous couvert d'anonymat.
Selon lui, ces interpellations portent à huit le nombre de militants anti-esclavagistes arrêtés depuis le 29 juin, jour où des heurts ont éclaté dans un bidonville du quartier de Ksar (ouest de Nouakchott). Amnesty parle de son côté de "neuf militants anti-esclavagistes arrêtés" au total, dans un communiqué diffusé lundi.
Sur VOA Afrique, Biram Dah Abeid, chef de file de la lutte anti-exclavagiste en Mauritanie a apporté sa solidarité à ses collègues. Il a dénoncé "l'oppression raciale" et "le silence complice de la société civile et des parties politiques". Selon lui, ces arrestations soutiennent "les positions de l'IRA sur la question de la terre cultivable et l'exclavage agricole".
D'après divers témoignages, des affrontements ont éclaté entre manifestants en colère et forces de l'ordre lors d'une opération encadrée par la police, visant à déplacer les habitants installés, illégalement selon les autorités, sur des terrains privés à Ksar.
Selon la télévision publique, plusieurs policiers ont été blessés dans les violences. Des autorités locales ont soutenu que les affrontements avaient été provoqués par des dirigeants de l'IRA.
Samedi, l'IRA et Amnesty International avaient annoncé plusieurs arrestations -au moins cinq- dans les rangs des militants de cette ONG. Parmi eux, l'IRA avait cité un de ses vice-présidents, Amadou Tidjane Diop et le responsable d'une des sections à Nouakchott, Abdellahi Matalla Saleck.
Selon un membre de l'Ong joint lundi par l'AFP, les nouvelles arrestations ont été effectuées "après une conférence de presse de l'IRA" tenue au domicile de son président Biram Dah Abeid, en voyage à l'étranger.
L'IRA ne comprend pas "l'acharnement" à son encontre du régime du président Mohamed Ould Abdel Aziz "suite à un évènement dans lequel nous n'avons rien à voir, qui concerne des populations injustement attaquées et humiliées", a ajouté ce responsable.
Dans son communiqué, Amnesty International appelle la Mauritanie à "révéler le lieu de détention des neuf militants anti-esclavagistes arrêtés", à les "inculper d'infractions prévues par la loi ou (les) libérer".
"Dans les jours qui ont suivi cette manifestation, la police a commencé à arrêter des membres" de l’IRA : huit "ont été arrêtés à leur domicile ou lieu de travail et détenus dans un lieu tenu secret", et Hamady Ould Lehbouss l'a été dimanche à son domicile, a expliqué l'ONG.
Avec AFP