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Que reste-t-il de liberté de pensée au Burundi ?


Des policiers et des militaires burundais dans Bujumbura, 13 mai 2015.
Des policiers et des militaires burundais dans Bujumbura, 13 mai 2015.

C'est la question posée par des professeurs d’université et des chercheurs qui dénoncent la décapitation de la liberté de pensée au Burundi, dans une lettre ouverte dont VOA Afrique a reçu la copie.

Dans cette lettre ouverte, une soixantaine d'intellectuels évoquent depuis plusieurs années ’"une chape de plomb" qui s’est abattue sur le pays.

Ces intellectuels condamnent "une pensée unique qui s’installe, refusant le débat et la contradiction, et qui manifeste ce refus avec la plus grande violence". L’environnement actuel ne permet pas l’émergence d’"un Burundi pacifié et démocratique", ajoutent-ils. "Comment l’université pourrait-elle encore assurer sa triple mission d’enseignement, de recherche et de service à la communauté", s’interrogent-ils.

Marie-Soleil Frère, directrice de ReSIC / Director ReSIC Centre de Recherche en Information et Communication de l'Université libre de Bruxelles
Marie-Soleil Frère, directrice de ReSIC / Director ReSIC Centre de Recherche en Information et Communication de l'Université libre de Bruxelles

Les signataires décrivent la situation à l’université du Burundi, "la peur a réduit à néant l’espace de débat et d’analyse" alors que cette institution "pourrait être un rempart face à la résurgence de la violence et des manipulations idéologiques". Mais sur la soixantaine de signataires, seuls trois Burundais figurent sur la liste. Et pourtant, le Burundi regorge d’un panorama de chercheurs et enseignants à l’université reconnus pour leur "libre pensée".

"Ceux qui marquent ouvertement leur désaccord, tant avec le système qu’avec l’opposition, et leurs méthodes, sont intimidés et parfois disparaissent", font-ils remarquer. Même en étant à l’abri à l’étranger restent inquiétés pour les proches. "Certains collègues qui ont fui le pays craignent que la moindre déclaration critique ne mette en danger leurs proches restés au pays".

Marie Soleil Frère responsable du département de journalisme à l'Université Libre de Bruxelles est l'une des signataires.

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Dénonçant l’usage de la violence et l’impunité, ces universitaires refusent que "les manipulations paralysent la liberté de pensée" et créent l’"autocensure". Ils ajoutent que "la propagande et la rhétorique belliqueuse entretenus par certaines des parties ne peuvent occuper tout l’espace discursif".

Les signataires interpellent la Communauté Est Africaine, l’Union Africaine et les Nations Unies. "Il est temps de se mobiliser pour défendre la liberté de pensée", conclut-ils.

Le Burundi a replongé dans la crise en avril 2015 avec la volonté du président Pierre Nkurunziza pour briguer un troisième mandat en violation de la Constitution et de l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi qui avait permis à ce pays de sortir de la guerre civile déclenchée le 21 octobre 1993 après l’assassinat du premier président de l’ethnie hutu démocratiquement élu, Melchior Ndadaye. Depuis le 13 mai 2015, la presse indépendante a été décapitée à la suite d’un coup d’état avorté. Des dizaines de journalistes, des activistes de la société civile, d’opposants et des centaines de milliers d’autres Burundais ont fui le pays. Des chiffres officiels font état de 400 personnes tuées dans un an, sans oublier des arrestations massives et ou isolées.

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