Deux cents jeunes qui appartenaient à des groupes jihadistes ayant multiplié les attaques depuis 2015 dans la région de Mopti, dans le centre du Mali, se sont engagés à quitter ces mouvements au terme d'une opération de sensibilisation, ont indiqué mardi à l'AFP des initiateurs de la campagne.
L'opération, qui n'a pas été médiatisée, a impliqué responsables gouvernementaux, élus locaux, chefs religieux, associations et notables dans cette région.
Mopti est à la lisière du nord du pays, contrôlé pendant près de dix mois entre 2012 et 2013 par des groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, dont celui de l'ex-rebelle touareg Iyad Ag Ghaly, Ansar Dine.
"Depuis plusieurs semaines, nous avons mené des négociations et une campagne de sensibilisation à l'endroit des jeunes qui ont intégré les groupes armés radicaux du centre du Mali", a affirmé Hama Cissé, notable et ex-maire d'une localité de la région de Mopti.
"Deux cents jeunes ont accepté de déposer les armes et de quitter les rangs des jihadistes", ils "ont accepté de se +déradicaliser+. Actuellement, ils sont dans la région de Mopti pour convaincre d'autres jeunes de déposer les armes", a ajouté M. Cissé.
D'autres membres du collectif ayant mené la campagne ont précisé à l'AFP que les jeunes approchés seraient essentiellement membres du Front de libération du Macina (FLM), apparu début 2015 et dirigé par le prédicateur radical malien, Amadou Koufa, un Peul.
Le FLM est allié d'Ansar Dine. Plusieurs attaques perpétrées dans le nord et le centre du pays ont été revendiquées par ces groupes ou leur ont été attribuées.
D'après Ousmane Diallo, un des membres du collectif, certains des jeunes "ont fourni des précisions sur des attaques commises par les groupes islamistes auxquels ils appartenaient", tandis que d'autres agissaient "en groupes isolés", s'en prenant à des civils et des symboles de l'Etat.
"Ces jeunes sont nos enfants. La plupart ne savaient pas ce qu'ils faisaient. Il est normal d'être intervenus", a affirmé l'imam Hamadou Cissé, membre de Tabital Pulaku, influente association de Peuls du Mali.
Un ministre a indiqué à l'AFP sous couvert d'anonymat que le gouvernement souhaitait inclure les jeunes dans le processus de désarmement prévu par l'accord de paix signé en mai-juin 2015 par Bamako, des mouvement alliés au gouvernement et des groupes rebelles. "C'est une solution qui permettra de les éloigner les groupes extrémistes", a-t-il dit.
AFP