L'opération Moroni ville morte, lancée par dix-neuf candidats qui contestent la validité des résultats du premier tour de l'élection présidentielle aux Comores, était moyennement suivie lundi dans la capitale, a constaté un journaliste de l'AFP.
Les deux marchés de la capitale n'avaient pas leur affluence habituelle et la circulation était assez fluide dans Moroni, alors que la capitale comorienne est régulièrement embouteillée.
Les établissements scolaires publics et privés ont déconseillé à leurs élèves de se rendre à l'école. Les administrations publiques et banques fonctionnaient, et la plupart des commerces avaient ouvert leurs portes, tandis que les forces de l'ordre se montraient discrètes.
L'opération ville morte, qui doit durer deux jours, fait suite au rassemblement populaire de samedi à Moroni, à l'appel de 19 candidats pour dénoncer les "fraudes massives" selon eux en faveur du candidat du pouvoir Mohamed Ali Soilihi. La manifestation avait été rapidement dispersée par les forces de l'ordre.
"Il n'y aura pas de second tour le 10 avril avant que les bulletins ne soient recomptés", a prévenu Ibrahima Hissani, porte-parole des protestataires.
Deux candidats, Me Saïd Larifou du parti Ridja, et l'ancien président de l'Assemblée fédérale Bourhane Hamidou, arrivés respectivement en 5e et 6e positions, ont pour leur part estimé que le scrutin s'était déroulé normalement.
Les protestataires se posent en "victimes de la fraude alors qu'ils ne sont en mesure de fournir la moindre preuve", a affirmé Me Larifou, cité par le quotidien d'Etat Al-Watwan lundi.
"Pour le moment, nous devons préserver la stabilité de notre pays", a ajouté Bourhane Hamidou.
Le candidat du pouvoir, Mohamed Ali Soilihi, est arrivé en tête du premier tour de la présidentielle le 21 février, avec 17,61%, suivi par le gouverneur de l'île de la Grande-Comore Mouigni Baraka qui a obtenu 15,09%, et de l'ancien président, le colonel Azali Assoumani avec 14,96%. Les trois sont qualifiés pour le second tour.
Arrivé en 4e position avec 14,45% et éliminé, Fahmi Saïd Ibrahim, candidat du Juwa, a été le premier à crier à la fraude, déclarant que "le pouvoir a tout fait pour l'exclure du trio de tête".
Selon la mission d'observation de l'Union africaine, "en dehors de quelques incidents isolés, l'ensemble du scrutin s'est déroulé de manière ordonnée et paisible".
Conformément à la Constitution de 2001 qui a institué une présidente tournante entre les trois îles de l'Union des Comores (Anjouan, Grande-Comore, Mohéli), les 25 candidats du premier tour étaient tous originaires de la Grande-Comore.
AFP