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Tuerie de Bujumbura : HRW exige une enquête "sérieuse et indépendante"


Des cadavres sont disposés à l'arrière d'un pick up alors que la police patrouille dans les rues du quartier Nyakabiga de Bujumbura, le 12 décembre 2015. (AP Photo)
Des cadavres sont disposés à l'arrière d'un pick up alors que la police patrouille dans les rues du quartier Nyakabiga de Bujumbura, le 12 décembre 2015. (AP Photo)

"Il s'agit de loin de l'incident le plus grave et qui a causé le plus grand nombre de victimes depuis le début de la crise", s'est alarmée l'association qui milite en faveur des droits de l'Homme.

L'organisation américaine Human Rights Watch (HRW) a exigé dimanche 13 décembre une enquête "sérieuse et indépendante" sur "le plus grave incident depuis le début de la crise" fin avril au Burundi, qui a fait près de 90 morts vendredi à Bujumbura.

"Une enquête sérieuse et indépendante devrait être lancée d'urgence pour établir les circonstances exactes de ces meurtres", a déclaré dans un communiqué Carina Tertsakian, chercheuse en charge du Burundi à HRW.

Le colonel Gaspard Baratuza, porte-parole de l'armée burundaise, a annoncé samedi que 87 personnes - 79 "ennemis" et huit soldats - avaient été tués vendredi lors des attaques coordonnées de trois camps militaires au Burundi. Un premier bilan des militaires avait fait état vendredi de 12 rebelles tués et 21 capturés.

Mais samedi matin, des habitants de Bujumbura avaient découvert horrifiés une quarantaine de corps au moins dans les rues de quartiers réputés pour leur opposition au président Pierre Nkurunziza.

"Il s'agit de loin de l'incident le plus grave et qui a causé le plus grand nombre de victimes depuis le début de la crise", s'est alarmé HRW, demandant qu'en raison de "la politisation et la corruption" qui gangrènent le système judiciaire burundais, des "experts" viennent "de l'extérieur pour assister" les enquêteurs burundais.

Dans plusieurs quartiers, les habitants ont accusé les forces de l'ordre d'avoir arrêté vendredi tous les jeunes qu'ils rencontraient et de les avoir exécutés sommairement, plusieurs heures après les attaques à l'aube par des insurgés de trois camps militaires de la capitale burundaise.

Certaines victimes avaient les bras liés derrière le dos, d'autres avaient été tués à bout portant, selon des témoins interrogés par l'AFP par téléphone depuis Nairobi.

Les cavadres enlevés avant que les enquêtes soient menées

HRW dénonce le fait que la police et les autorités locales aient "enlevé les cadavres avant que des enquêtes puissent être menées", en empêchant souvent la population de s'en approcher, selon des témoins qui dénoncent un bilan sous-estimé et une "rafle" de plus de 200 jeunes dans ces quartiers.

Pour l'organisation de défense des droits de l'homme, les attaques menées contre les camps militaires sont "graves" et il appartient au gouvernement de restaurer "l'ordre et la sécurité".

"Mais cela ne justifie d'aucune manière des opérations consistant à tirer sur les habitants des quartiers", a souligné HRW, appelant à ce que les "membres des forces de sécurité responsables rendent des comptes".

Ces violences sont les pires enregistrées au Burundi depuis un coup d'Etat manqué en mai, déclenché par la candidature controversée du président Nkurunziza à un troisième mandat, qu'il a obtenu à l'élection qui a suivi en juillet.

Depuis le début des troubles fin avril, des centaines de personnes ont été tuées et plus de 200.000 personnes ont quitté le pays, selon l'ONU.

Avec AFP

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