Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) du président Paul Biya, qui règne sans partage sur le Cameroun depuis plus de 40 ans, devrait remporter largement des élections sénatoriales qui ont débuté dimanche matin au suffrage indirect.
Le scrutin a été ouvert à 08H00 (07H00 GMT) dans les six bureaux de vote de Yaoundé, regroupés dans l'école publique de Bastos, quartier le plus huppé de la capitale, où il n'y avait pas foule aux premières heures, a constaté un journaliste de l'AFP.
Dans les dix régions administrative de ce pays d'Afrique centrale peuplé de quelque 28 millions d'habitants, 10 partis présentent des candidats à 11.134 grands électeurs: conseillers régionaux, conseillers municipaux et chefs traditionnels.
Mais le RDPC est le seul à avoir présenté des listes dans la totalité des dix régions et il contrôle 316 communes sur les 360 que compte le Cameroun.
La chambre haute du Parlement est depuis toujours archi-dominée par le pouvoir. 70 sénateurs sont élus tous les cinq ans et 30 désignés par le président de la République. Dans le Sénat sortant, le RDPC et ses petits alliés occupent 93 sièges sur 100, les sept restant revenant au Social Democratic Front (SDF), l'un des deux principaux partis d'opposition.
A l'Assemblée nationale, le parti de M. Biya et ses alliés disposent aussi d'une écrasante majorité de 164 députés sur 180, élus directement en février 2020.
"Le RDPC part largement favori dimanche, car ses membres sont les plus nombreux dans le collège électoral", assure à l'AFP Louison Essomba, professeur de sciences politiques à l'université de Douala, qui lui prédit une "majorité obèse".
"Je ne vois aucun enjeu, encore moins l'utilité de ce Sénat", assène Serge Dzou, professeur de sciences politiques à l'université de Ngaoundéré (nord) pour qui il ne "sert qu'à fournir des postes à des proches du régime".
La seule petite inconnue réside dans la reconduction ou non du président du Sénat, Marcel Niat Njifenji, 88 ans. Deuxième personnage de l'Etat officiellement, assure constitutionnellement l'intérim en cas de vacance à la tête de l'Etat, mais pour organiser une élection dans un délai de 120 jours à laquelle il ne peut se présenter.
La "succession" de Paul Biya, 90 ans, est sur toutes les lèvres. En cas de décès ou d'incapacité du président, le tout-puissant RDPC devra désigner un dauphin qui aura toutes les chances de remporter la présidentielle, mais personne, même parmi les plus proches de M. Biya, n'ose s'avancer publiquement.
Paul Biya dirige le Cameroun depuis 1982, accusé régulièrement par l'ONU et les ONG internationales de réprimer impitoyablement l'opposition dans la rue et une sanglante rébellion séparatiste dans les deux régions de l'ouest peuplées principalement par la minorité anglophone.