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Controverse au Nigéria sur les raffineries de pétrole illicites


Les voleurs de pétrole prélèvent leur butin directement sur les oléoducs au Nigéria
Les voleurs de pétrole prélèvent leur butin directement sur les oléoducs au Nigéria
Les autorités nigérianes ont détruit ces derniers mois des centaines de raffineries de pétrole illégales dans la région du delta du Niger. L’opération est critiquée par certains activistes qui appellent à la légalisation de ces raffineries. Mais d’autres estiment que légitimer le vol de pétrole ne ferait qu'aggraver les pénuries chroniques de carburant, de même que l'impunité générale au Nigeria.

Le delta du Niger est riche en pétrole, mais majoritairement pauvre et très sévèrement pollué. Ses habitants, qui vivent de l’agriculture et de la pêche, pointent du doigt les compagnies pétrolières. L’une des séquelles : certains d’entre eux se sont tournés vers le vol de pétrole, prélevé directement sur les oléoducs et destiné à un marché noir très lucratif. Le gouvernement nigérian est pris entre deux feux, accusé à la fois de ne pas vouloir complètement mettre fin à la contrebande et de laisser partir en fumée des tonnes de carburant.

« Nous apprenons chaque jour qui passe que les autorités ont détruit des raffineries. Mais ces raffineries repoussent après leur destruction. Pourquoi cela? Je vous laisse tirer votre conclusion? » affirme Edward Oforomeh , avocat et ancien commissaire de police.

Pour l’homme de loi, il n’y a pas dix mille solutions : il faut légaliser et réglementer la vente de pétrole au noir, un marché de plus en plus florissant, selon lui. « N'est-ce pas là un cercle vicieux ? Il ne faut plus se voiler la face. La solution passe par la légalisation, par des permis en bonne et due forme, ce qui permettrait même de renflouer les caisses du gouvernement » dit-il.

Les opérateurs de petites raffineries pourraient ainsi, d’après lui, acheter du pétrole brut à l'État. Des activistes ont demandé au gouvernement de mettre en place un cadre juridique pour ces opérateurs, mais affirment n’avoir obtenu aucune réponse.

Les critiques de ce plan se demandent pourquoi les contrebandiers feraient l’acquisition légale de pétrole brut alors même qu’ils peuvent se le procurer gratuitement à partir des oléoducs. D’ailleurs, le gouvernement affirme que les vols de pétrole coûtent jusqu'à un milliard de dollars par mois à l’Etat.

« C’est mal de voler. Ces gars perforent les oléoducs, volent le pétrole et le raffinent sur place. Ils ne sont pas du tout préoccupés par les effets néfastes sur l’environnement. Pas du tout ! Ils causent des dommages incalculables à l’environnement. Ils volent les ressources de l’État » déclare Wole Olaoye, un chroniqueur du journal nigérian The Daily Trust.

Le journaliste est d’avis que toute tentative pour régulariser le commerce du pétrole sur le marché noir contribuerait à un autre problème épineux auquel est confronté le Nigeria: l'impunité. Les observateurs et les autorités déplorent le fait que de nombreux crimes demeurent impunis au Nigeria, ce qui alimente l'insurrection dans le nord et l'instabilité dans le delta du Niger, d’après eux.

Mais tout le monde ne l’entend pas de cette oreille. A Warri, une ville pétrolifère dans le delta du Niger, les habitants accusent les compagnies pétrolières d’être les vrais voleurs. Car, disent-ils, elles font table rase sur les ressources de la région et laissent derrière elles des terres et des eaux polluées. Alors que la polémique continue de battre son plein au Nigeria, les voitures manquent souvent de carburant et les pannes d'électricité sont devenues le lot quotidien dans un pays, premier producteur de pétrole brut d’Afrique.
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