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Burundi: NKurunziza investi pour un troisième mandat


Le président Pierre Nkurunziza
Le président Pierre Nkurunziza

Le président burundais Pierre Nkurunziza a été désigné samedi par son parti candidat à l'élection présidentielle du 26 juin, au risque d'une confrontation avec l'opposition qui juge un éventuel troisième mandat inconstitutionnel.

Bujumbura (Burundi), 25 avr 2015 (AFP) -

"Nous voulons annoncer aux communautés nationale et internationale que le militant qui a été choisi pour nous représenter aux élections est Pierre Nkurunziza", a annoncé Pascal Nyabenda, le chef du parti au pouvoir Cndd-FDD.
"Il a le droit de se faire élire", a-t-il ajouté, à l'issue d'un congrès réunissant 900 délégués, en présence de M. Nkurunziza, à Bujumbura, la capitale, quadrillée pour l'occasion de militaires et de policiers.
Les ambassadeurs de Russie et de plusieurs pays africains ont assisté au congrès, en l'absence en revanche de tout représentant diplomatique occidental.
Ex-chef rebelle, grand sportif et protestant "born again", Pierre Nkurunziza, 51 ans, est à la tête de l'État depuis 2005 et avait été réélu en 2010. Sa désignation par le Cndd-FDD ne constitue pas une surprise tant il n'a jamais caché son intention de briguer un troisième mandat.
Mais l'opposition et de nombreux pans de la société civile jugent que ce troisième mandat serait inconstitutionnel et contraire aux accords d'Arusha qui avaient ouvert la voie à la fin de la longue guerre civile burundaise (1993-2006).
L'opposition a appelé à des manifestations "pacifiques" dès dimanche afin de contrer ce qu'elle qualifie de "coup d'État" et contraindre Pierre Nkurunziza à renoncer à cette candidature.
Le gouvernement, qui a multiplié les mises en garde contre toute tentative de "soulèvement" ces dernières semaines et menacé de faire intervenir l'armée, a interdit les manifestations à partir de samedi dans tout le pays.
"Le gouvernement interdit toute manifestation pour quelque raison que ce soit sur l'ensemble du territoire du pays à partir de samedi, sauf les réunions politiques en rapport avec la campagne électorale", c'est-à-dire les meetings électoraux, a annoncé vendredi le ministre de l'Intérieur, Edouard Nduwimana.
Le gouvernement a donné le ton dès la semaine dernière: une soixantaine de personnes ont été arrêtées et inculpées de "participation à un mouvement insurrectionnel", infraction passible de la prison à perpétuité, lors de premiers mouvements de rue contre ce troisième mandat annoncé.

- 'Frondeurs' évincés -

Dans le petit pays d'Afrique des Grands-Lacs, où la société civile est très active, un bras de fer semble donc s'annoncer.
Aucun des avertissements lancés ces derniers mois contre les risques de dérapages en cas de candidature de Pierre Nkurunziza par la communauté internationale - Union européenne, États-Unis, Union africaine et jusqu'au Conseil de sécurité de l'ONU - n'auront non plus porté leurs fruits.
Le camp du chef de l'État est même allé jusqu'à faire le ménage au sein du parti présidentiel, divisé, pour assurer son investiture à Pierre Nkurunziza, ex-chef rebelle durant la guerre civile et chrétien "born again".
Quelque 130 hauts cadres "frondeurs", ouvertement opposés à ce troisième mandat, ont été évincés ces dernières semaines. Certains ont été emprisonnés, d'autres ont choisi la clandestinité, disant craindre "pour leur vie".
Avant cela, Pierre Nkurunziza avait limogé de hauts responsables militaires, dont le chef des services de renseignement Godefroid Niyombare, qui l'avaient mis en garde contre des risques pour la sécurité du pays s'il se représentait.
Le Burundi, un des pays les plus pauvres de la planète, qui vit sous perfusion de l'aide internationale, se remet à peine de sa guerre civile.
L'histoire post-coloniale de cet ex-protectorat belge, indépendant depuis 1962, a été marquée par des massacres inter-ethniques. A travers le pays, la population craint désormais une redite de ces conflits.
D'autant que les jeunes du parti au pouvoir, les Imbonerakure, accusés par l'ONU d'être une "milice" et de multiplier les intimidations et exactions à l'approche des élections, n'ont pas caché leur intention d'en découdre si l'on empêchait in fine leur champion, Pierre Nkurunziza, de se représenter.
Plusieurs milliers de Burundais ont d'ailleurs déjà fui au Rwanda voisin, terrorisés par les menaces des jeunes du Cndd-FDD qui, disent-ils, traquent les opposants au président sortant.
De son côté, la communauté internationale a, par la voix d'un ambassadeur occidental en poste à Bujumbura, averti le président sortant que tout dérapage d'ici aux élections aurait "de graves conséquences" dans ses relations avec Bujumbura.
La présidentielle sera précédée fin mai de législatives et de communales.

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