L'Américain a été kidnappé vendredi soir à Abalak, une préfecture de la région de Tahoua à 350 km au nord-est de Niamey. C'est la première fois qu'un ressortissant américain est enlevé au Niger.
"Les recherches sont en cours. Nos forces sont mobilisées. Ils (les ravisseurs) sont encore en territoire nigérien", a déclaré à l'AFP le ministre de l'Intérieur Mohamed Bazoum, contacté depuis Abidjan.
"Ce sont des jihadistes ou des brigands qui veulent les vendre à des jihadistes" au Mali, a souligné le ministre.
En outre, le ministère nigérien de l'Intérieur a dévoilé des détails sur le déroulement du rapt.
"Hier (vendredi) dans la nuit, aux environs de 21 heures, un groupe de personnes armées à bord d'un véhicule de marque Toyota a fait irruption au domicile (...) d'un citoyen américain installé dans cette localité depuis 1992 et travaillant pour l'ONG Jemed", selon cette source.
"Après avoir tué le garde national Mahamoud Youssouf et le gardien de la maison Almajoub Alkassoum, ces personnes ont enlevé le citoyen américain pour s'enfuir vers l'ouest. Ces criminels font présentement route vers le Mali", ajoute le texte.
"Nos forces sont sur leurs traces", poursuit le communiqué.
Le "président de la République (Mahamadou Issoufou), selon la même source, suit personnellement cette situation et nos forces sont totalement mobilisées en vue de les rattraper et mettre fin à leur funeste aventure".
- "parfaitement intégré" -
La région de Tahoua, où a été capturé l'Américain, est considérée comme une zone instable.
Un habitant de Tahoua qui assure bien connaître l'Américain enlevé le décrit une personne bien intégrée : "L'humanitaire enlevé vit dans la zone depuis les années 90. Il est parfaitement intégré au sein de la population".
"Il parle couramment le tamachec (la langue des touareg), le peulh et l'arabe", a déclaré cet habitant sous couvert de l'anonymat.
"On a entrepris beaucoup de démarches pour qu'il quitte la zone, plus que jamais exposée mais il avait refusé, assurant ne pas avoir peur", a ajouté cet habitant.
Un porte-parole du département d'Etat américain a indiqué à l'AFP être au courant d'informations de presse sur l'enlèvement d'un citoyen américain au Niger, sans faire davantage de commentaires.
Le 7 octobre, 22 soldats nigériens ont été tués au cours d'une attaque par des hommes armés venus du Mali dans un camp de réfugiés maliens à Tazalit. Trois soldats avaient également été blessés, selon l'armée nigérienne.
Pour empêcher l'infiltration de groupes armés, le Niger a déployé un important contingent le long de sa longue frontière avec le Mali, théâtre de plusieurs attaques.
Sur le plan diplomatique, Niamey ne cesse de réclamer une résolution du conflit au Mali.
La région de Tahoua, dont est originaire le président nigérien, est voisine de celle d'Agadez, où les Etats-Unis disposent d'une base militaire pour faire notamment décoller des drones de renseignements et de surveillances des mouvements jihadistes.
- "pas une surprise" -
Selon une figure de la société civile nigérienne, Laouali Amadou, "la région de Tahoua fait partie de la zone de couverture de la base militaire américaine d'Agadez donc cet enlèvement de ressortissant américain n'est pas une surprise pour nous."
"Et cela nous conforte sur le fait que plus de bases militaires étrangères (française et américaine alors que les Allemands vont aussi construire une base logistique) nous met en insécurité".
Il faudrait, selon lui, que "ces puissances dégagent afin que nos propres forces soient doter de moyens conséquents pour assumer leur fonction régalienne de défense du territoire national".
Une source sécuritaire haut placée a confié à l'AFP être suprise par l'enlèvement de l'humanitaire américain car "les Américains ne payent pas de rançon".
Cet enlèvement fait suite à d'autres rapts d'Occidentaux au Niger.
En janvier 2011, deux jeunes Français avaient été kidnappés dans un restaurant de Niamey et tués quelques heures plus tard, lors d'une tentative d'interception de leurs ravisseurs.
Cinq employés du géant français du nucléaire Areva avaient été enlevés en 2010 par le groupe jihadiste Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) sur le site de la mine d'uranium d'Arlit (nord du Niger), une ressource qui attise de nombreuses convoitises. Les quatre hommes avaient été libérés en 2013, alors que la femme avait été libéré début 2011.
Le Niger, pays sahélien presque entièrement désertique et parmi les plus pauvres du monde, doit également faire face dans le sud-est du pays aux attaques incessantes des islamistes nigérians de Boko Haram.
Avec AFP