Après deux jours de ville morte, quelques rares bus et taxis roulaient, mais manquaient encore de clients. Les autocars publics ont tardé à se déployer dans la capitale de la République démocratique du Congo.
Des violences ont éclaté mardi à Kinshasa et dans plusieurs villes de RDC, au jour de l'échéance du mandat de M. Kabila, qui entend se maintenir au pouvoir après que l'élection présidentielle prévue cette année a été reportée à une date indéterminée.
Onze morts selon les autorités, 19 selon l'ONU et 26 selon HRW
Les autorités congolaises ont pour l'instant fait état de onze morts pour la journée de mardi, neuf à Kinshasa et deux à Lubumbashi, la deuxième ville du pays.
Selon l'ONG Human Rights Watch, au moins 26 personnes ont été "tuées par des forces de sécurité lors de manifestations à Kinshasa, Lubumbashi, Matadi, Boma" lors de cette journée.
Selon l'ONU, les violences lors des manifestations auraient provoqué 19 morts et 45 blessés entre 19 et du 20 décembre 2016.
Maria Aranaz, le directeur du Bureau conjoint des Nations Unies aux Droits de l’homme, a présenté ce bilan mercredi à Kinshasa. Il dénonce l’usage excessif de la force par la police, la garde républicaine, la police militaire et l'agence nationale des Renseignements contre les manifestants.
L'opposant Moïse Katumbi, ex-allié de Joseph Kabila et candidat déclaré à la présidence, a réagit sur Twitter, déplorant les violences de la veille.
Arrestation des membres de la Lucha
Des membres de la Lucha ont été arrêtés mercredi matin. Dix-neuf personnes sont retenues à Goma. Le journaliste détenu avec eux a été libéré. comme l'explique Serge Syvia de la Lucha sur VOA Afrique.
"Il y a une constitution dans notre pays, la constitution c'est notre contrat social avec les autorités. Nous exactement nos disons bye bye Kabila. Il doit quitter le pouvoir après ses deux mandats ", explique le militant de Lucha.
Ces arrestations arrivent après la journée de violences du mardi 20 décembre dans plusieurs villes.
Ultimatum des évêques
Les hommes politiques de la République démocratique du Congo doivent parvenir à un accord de sortie de crise "avant Noël", sinon les évêques qui favorisent leurs pourpalers en tireront "les conséquences qui s'imposent", a averti le président de la conférence épiscopale catholique nationale.
Des pourparlers engagés depuis le 8 décembre sous l'égide des évêques catholiques devaient reprendre mercredi.
Retour du calme
A 07H30 (06H30 GMT), heure à laquelle la mégapole de 10 millions d'habitants grouille déjà, la quasi-totalité des pompes à essence - faute d'approvisionnement la veille - et des magasins était encore fermés dans plusieurs quartiers du centre et du nord.
Le marché Gambela, où vendeurs et acheteurs de produits agricoles en provenance de la province voisine du Kongo-Central s'activent dès 05H00, fonctionnait au ralenti. L'emblématique place Victoire, coeur de la cité, était encore désertée par la population.
Policiers et militaires restaient postés sur de nombreux carrefours de Kinshasa, où la nuit a été globalement calme.
Ailleurs, des coups de feu sporadiques ont été entendus la nuit à Ngaba, commune voisine de l'Université de Kinshasa, ainsi qu'à Matete et Masina, deux communes où des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre ont été particulièrement violents, selon des témoins.
Paris évoque la possibilité de nouvelles sanctions de l'UE
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault envisage de réclamer de nouvelles sanctions européennes contre le président congolais Joseph Kabila qui se maintient au pouvoir malgré l'expiration de son mandat, a rapporté mercredi le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll.
En Conseil des ministres, Jean-Marc Ayrault a indiqué que "si les choses n'avançaient pas dans le bon sens, celui du dialogue et d'une sortie (de crise) démocratique", la France demanderait que l'Europe prenne "des sanctions vis-à-vis de la RDC".
"Il y a beaucoup d'aides qui sont versées" à ce pays, a relevé le porte-parole du gouvernement français, parlant d'une situation "préoccupante".
Avec Charly Kasereka, envoyé spécial à Kinshasa