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Leicester : quand la logique financière a raison du conte de fées


Claudio Ranieri, le 10 novembre 2014.
Claudio Ranieri, le 10 novembre 2014.

Le licenciement jeudi de Claudio Ranieri par Leicester a ému le monde du football, qui y a vu la triste fin d'un conte de fées neuf mois après un titre de champion plus qu'inattendu. Mais pour les propriétaires du club, plus terre-à-terre, il s'agit surtout d'éviter la catastrophe d'une relégation estimée à près de 120 millions d'euros.

José Mourinho ou Gary Lineker en Angleterre, Luciano Spalletti ou Roberto Mancini en Italie et les journaux sportifs un peu partout en Europe : tous ont condamné le choix des propriétaires thaïlandais de Leicester, estimant que Ranieri, champion d'Angleterre en titre et entraîneur de l'année pour la FIFA, méritait un peu plus de respect.


"Champion d'Angleterre et nommé entraîneur de l'année par la FIFA. Viré. C'est ça, le football moderne", a posté Mourinho sur Instagram en légende d'une photo prise aux côtés de Ranieri.


Un peu plus tard, en conférence de presse d'avant-match du week-end, Mourinho est apparu devant la presse vêtu d'un polo officiel de Manchester United, mais sur lequel les initiales "CR" (en hommage à Claudio Ranieri) étaient inscrites, au lieu des habituels "JM" (Jose Mourinho).

"C'est mon petit hommage à quelqu'un qui a écrit la plus belle page de l'histoire de la Premier League, quelqu'un qui mériterait de voir le stade de Leicester rebaptisé à son nom, Claudio Ranieri", a déclaré Mourinho.

Mais la famille Srivaddhanaprabha a manifestement perdu patience face aux difficultés du technicien italien à enrayer une spirale négative qui a fait glisser les Foxes à proximité immédiate de la zone de relégation.

Avec un point d'avance seulement sur le 18e et alors qu'ils restent sur cinq défaites consécutives sans le moindre but inscrit, le capitaine Wes Morgan et ses équipiers sont au bord du gouffre. La presse anglaise prête d'ailleurs aux joueurs un rôle non négligeable dans ce limogeage, assurant que certains auraient été jusqu'à se plaindre auprès des propriétaires des méthodes de l'Italien. Un scénario réfuté vendredi par le manager par interim des Foxes Craig Shakespeare.

Le titre acquis en mai dernier était historique mais une relégation le serait également: jamais depuis 1938 et Manchester City un champion d'Angleterre en titre n'a subi l'affront d'une descente immédiate.

Mais plus encore que le poids de l'histoire, c'est celui de l'argent qui a sans doute pesé le plus lourd pour les dirigeants du club. Car la vie n'est pas du tout la même en Premier League et à l'étage du dessous, en FL Championship.

Avec des droits TV qui s'élèvent désormais à plus de deux milliards d'euros par saison, le maintien en Premier League n'a jamais été aussi lucratif. Cette saison, chaque club de l'élite devrait ainsi empocher au moins 120 millions d'euros de droits TV.

En Championship en revanche, ces droits ne rapportent que... 3,5 millions d'euros par an environ. Et les contrats de sponsoring et les recettes de jours de match sont tout aussi incomparables entre le premier et le deuxième échelon.

- Burton et Barnsley -

D'autant que l'inégalable attrait de la Premier League couplé à l'extraordinaire surprise du titre obtenu la saison dernière ont fait de Leicester, un club auparavant tout sauf glamour, une équipe très suivie en Asie.

Mais cet élan pourrait vite être coupé si les Foxes, qui risquent en plus un exode de leurs meilleurs joueurs, se retrouvent à ferrailler avec Burton et Barnsley plutôt qu'avec Manchester United ou Chelsea.

Les clubs relégués reçoivent certes près de 80 millions d'euros sur quatre ans au titre d'un système de "parachute financier". Mais de nombreuses équipes ont constaté qu'en l'absence de remontée immédiate, le "pactole" était en fait très vite dilapidé.

"Nous avons pour obligation de placer les intérêts de long terme du club au-dessus de tout sentiment personnel, aussi fort qu'il soit", a rappelé jeudi dans son communiqué le vice-président du club Aiyawatt Srivaddhanaprabha.

"Notre seul objectif était la survie en Premier League dès le début de cette saison. Mais nous faisons face à un rude combat pour atteindre cet objectif et nous pensons qu'un changement améliorera nos chances à l'approche des treize dernières journées", a-t-il ajouté.

Ce point de vue a d'ailleurs reçu un soutien de poids, celui de l'ancien gardien emblématique des Foxes, Peter Shilton, assurant que les dirigeants avaient pris "une très sage décision."

Face à ce risque sportif et financier immédiat, ils n'ont donc pas fait de sentiment. Ils doivent désormais faire un autre choix raisonné, celui de l'entraîneur qui saura redynamiser l'équipe et lui éviter la descente.

L'ancien entraîneur de Manchester City Roberto Mancini, qui a brièvement porté les couleurs des Foxes, est sur la liste des possibles. Nigel Pearson, qui a déjà entraîné le club deux fois, est une autre possibilité, tout comme l'ancien coach de Crystal Palace Alan Pardew ou Frank de Boer, libre après son échec à l'Inter Milan.

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