Cette permission est une délivrance pour les amoureuses du basket qui se trouvaient entre l’enclume de la passion et le marteau de la religion. Au Sénégal, cette décision n’est pas encore acceptée par tous même si elle lève une barrière entre le sport et la religion.
L’interdiction du port du voile a pendant longtemps empêché l’éclosion de talents très prometteurs à l’instar de Khourédia. Il y a quelques années, cette jeune prodige du basketball sénégalais a renoncé malgré elle à la belle carrière qui lui tendait les bras :
"En optant pour le voile, j’ai progressivement arrêté mes entraînements contre l’avis de mes coachs. J’étais très douée et promis à un bel avenir dans le basket, c’est pourquoi personne ne voulait que je renonce. Mon coach de l’époque, Benghaly Kaba, a tout fait pour me convaincre, mais je lui ai dit que le basket et le voile n’allaient pas ensemble, car même si je continuais les entraînements, je n’aurais pas pu participer aux compétitions avec un foulard sur la tête. C’est ainsi que j’ai purement et simplement renoncé au basket pour suivre les recommandations de ma religion".
Désormais, l’instance mondiale du basket donne carte blanche aux voilées. Une décision que certains amateurs du beau jeu fustigent:
"Pour moi c’est une chose absurde. En fait, le basket a ses origines et si on autorise le port du voile qui sait demain ce qu’on va autoriser. Et ça va gâcher le plaisir de voir les joueuses avec leurs visages défigurés, leurs cheveux détressés, jouer au basket de manière naturelle alors que c’est ça qu’on est habitué à voir. Si on autorise le port du voile, ça va mettre un coup au charme du basket, ça c’est sûr !"
Magatte Diop, directeur technique national et formateur en basket féminin, ne partage pas cet avis. Pour lui, cette autorisation va rendre le basket plus inclusif :
"Je pense que cela n’est pas du tout une absurdité, tout au contraire, le basket se jouera en respectant la pratique religieuse de tout un chacun. S’il faut opter entre faire le basket et suivre correctement les recommandations de leur religion, il y a certaines qui diront qu’elles vont suivre ce que leurs recommande leur religion. Et celles-là ne pourront pas jouer au basket car il y aura une restriction pour ces dames-là."
Babacar Ndiaye, président de la Fédération sénégalaise de basketball, estime que cette mesure va ouvrir plusieurs perspectives :
"Sur le plan sportif, ça permet au basket d’être joué par un plus grand nombre, ce qui va contribuer à son développement. Je pense que la Fiba s’est adaptée à la réalité socio-culturelle de certains pays. Ce qui prouve qu’aujourd’hui on tient compte de la volonté des populations pour légiférer".
Même si la décision de la Fiba ne fait pas encore l’unanimité, elle permettra de réparer certaines injustices. En 2014, l’équipe féminine du Qatar avait renoncé à participer aux Jeux asiatiques après que le port du voile sur le terrain a été refusé à ses joueuses.
Longtemps éloignées de leur passion, les femmes voilées pourront, désormais, pratiquer le basketball en se conformant à leur foi religieuse.
Seydina Aba Gueye, correspondant à Dakar