Escorté par un convoi lourdement armé, M. Nkurunziza est arrivé jeudi matin à Ngara (nord-ouest), à une quinzaine de kilomètres de la frontière burundaise, et a été accueilli par M. Magufuli sur un terrain de football. Vingt-et-un coups de canon ont été tirés en son honneur, selon une retransmission en direct de la télévision tanzanienne.
Tenue secrète jusqu'au dernier moment, la rencontre a notamment pour but de discuter "du processus de paix" au Burundi, a assuré sur son compte Twitter Macocha Tembele, secrétaire particulier du facilitateur dans la crise burundaise, l'ex-président tanzanien Benjamin Mkapa.
Selon une source diplomatique souhaitant conserver l'anonymat, "cette rencontre a lieu à l'initiative du président Magufuli, il a été mandaté par les pays de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC) pour convaincre Nkurunziza d'accepter de participer au dialogue interburundais sans conditions".
"La communauté internationale attend beaucoup de cette rencontre, car Magufuli est l'un des rares à pouvoir avoir une influence sur le président burundais", a ajouté la même source, rappelant que le dialogue burundais de sortie de crise est au point mort, le gouvernement refusant de discuter avec l'opposition en exil.
M. Nkurunziza n'avait plus quitté son pays depuis mai 2015. Il se trouvait alors à Dar es Salaam (Tanzanie) pour un sommet de l'EAC, mais était rentré en urgence au Burundi en pleine tentative de coup d'Etat, finalement déjoué.
Dans un communiqué jeudi matin, la présidence burundaise avait annoncé que M. Nkurunziza devait se rendre en Tanzanie à la tête d'une "forte délégation" incluant notamment les ministres de la Sécurité publique, de la Défense et des Relations extérieures, mais n'avait pas précisé l'ordre du jour exact de la rencontre.
Le Burundi traverse une crise violente depuis la décision en avril 2015 de Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat controversé, obtenu en juillet de la même année.
Des manifestations avaient alors été violemment réprimées et le coup d'État manqué en mai 2015 a fait basculer le pouvoir dans une répression systématique. L'ONU et des organisations de défense des droits de l'Homme ont depuis accusé Bujumbura de graves violations des droits et mis en garde contre un risque de génocide.
Les violences ont déjà fait de 500 à 2.000 morts, selon les sources (ONU et ONG), et ont poussé à l'exil plus de 400.000 Burundais.
Avec AFP