C'est la première fois qu'un membre de l'équipe du républicain est impliqué pour des contacts aussi approfondis avec des intermédiaires russes. Il a appris lors de ces échanges que les Russes détiendraient "de quoi salir" Hillary Clinton, sous la forme de milliers de messages - des mois avant les fuites Wikileaks.
George Papadopoulos a plaidé coupable le 5 octobre pour faux témoignage, et reconnu les faits énumérés dans la longue feuille d'accusation publiée lundi par l'équipe du procureur Robert Mueller.
George Papadopoulos a rejoint début mars 2016 l'équipe de campagne, comme l'un des cinq conseillers de politique étrangère du candidat républicain. "Un consultant pétrole et gaz, un type excellent", dit le candidat peu après au Washington Post.
Un membre "bénévole" d'un "comité consultatif qui s'est réuni une seule fois", a tempéré la porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders, décrivant son rôle et son niveau au sein de la campagne comme tout-à-fait mineur.
L'homme vit alors à Londres. Peu après son embauche, il rencontre en Italie un professeur basé à Londres (dont le sexe n'est pas précisé), qui s'intéresse de près au conseiller après avoir appris qu'il appartenait à la campagne Trump. Ce professeur affirme avoir des relations importantes au sein du pouvoir russe.
Les deux se rencontrent de nouveau à Londres, où le professeur lui présente une femme russe, présentée comme membre de la famille de Vladimir Poutine. Le conseiller rapporte ensuite à la campagne avoir rencontré la "nièce de Poutine". En réalité, elle n'a pas de lien familial avec le président russe.
George Papadopoulos passera les mois suivants à développer ces relations afin de tenter d'organiser une rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine, ou à défaut une réunion à Moscou entre lui et le gouvernement russe. Les enquêteurs ont retrouvé quantité d'emails. "Le gouvernement russe a lancé une invitation ouverte de Poutine pour M. Trump lorsqu'il sera prêt", écrit-il ainsi le 25 avril 2016.
Rapidement, le 26 avril 2016, le professeur, de retour de Moscou, lui annonce une nouvelle explosive : les Russes possèderaient les fameux "emails de Clinton", affirme le professeur, "des milliers".
Ce dernier lui a aussi présenté par email une personne à Moscou qui dit être liée au ministère des Affaires étrangères. Les deux ont "de multiples conversations par email et par Skype", dans le but d'organiser cette fameuse rencontre entre la campagne Trump et des responsables gouvernementaux russes.
George Papadopoulos rapporte même à ses supérieurs, en juin 2016 alors que Donald Trump a remporté l'investiture républicaine pour la présidentielle, que le voyage pourrait se faire "off the record", c'est-à-dire discrètement.
Cette réunion n'aura finalement jamais lieu.
Le crime de George Papadopoulos est d'avoir menti au FBI lors d'un interrogatoire en janvier 2017.
Il a alors dit aux enquêteurs qu'il avait rencontré le professeur et la femme russe avant de rejoindre la campagne, et que leurs discussions étaient superficielles et sans conséquence. Il a aussi omis de révéler ses contacts avec l'intermédiaire de la diplomatie russe.
L'équipe du procureur conclut son acte d'accusation par la description d'un comportement suspect : peu après un second interrogatoire, en février 2017, Papadopoulos a désactivé son compte Facebook et changé de téléphone portable.
Il a finalement été interpellé à sa descente d'avion à Washington, en juillet 2017. Il coopère depuis avec les enquêteurs.
Avec AFP