Le site d’orpaillage de Djikondi, à quelques encablures de la ville de Gaoua, est la capitale de la région du sud-ouest et chef-lieu de la province du Poni.
Ils sont plus d’une centaine de personnes chaque jour à creuser, concasser et laver pour trouver l’or, dans une certaine vie communautaire, explique Yaya Traoré alias Koroba, un des orpailleurs du site.
"L’or a fait beaucoup de choses, beaucoup ont gagné, ils ont payé des voitures, des motos ; moi-même actuellement, j’ai payé des motos et je suis en train de construire. Si on trouve quelqu’un qui est malade, on fait une réunion, donne des contributions, on va amener la personne à l’hôpital, et la faire soigner", témoigne-t-il à VOA Afrique.
"Quand on va concasser comme ça, aller à la machine, écraser, venir laver, on met Omo et puis on mélange, ça devient comme Banco. Maintenant tu commences à laver, si tu finis maintenant, c’est là-bas, tu mets le mercure et tu frottes pour que le mercure là, ça attrape l’or là, parce que sans mercure, l’or ne peut pas sortir", explique-t-il.
L’exploitation artisanale de l’or est une préoccupation majeure pour la population autochtone. Les conséquences de la déscolarisation des jeunes, des conflits et maladies en tous genres, reviennent fréquemment, soutient Drissa Tou, directeur provincial en charge de l’action sociale et de la famille.
"C’est une activité qui est la source même de conflits intergroupes ou intercommunautaires puisque si ça devient un conflit intercommunautaire, ça nous revient sous forme de personnes sinistrées ou de personnes touchées par une crise à gérer aussi", souligne-t-il.
"Et ces orpailleurs-là, nous les sensibilisons à la nécessité de ne pas utiliser les enfants. Je pense qu’il y a le débat qu’il faut faire entre le travail socialisant et les pires formes de travail qui sont interdites par la loi. Mais la réalité est triste. A chaque fois que l’on se rend sur un site, on ne peut pas ne pas trouver des enfants en train de travailler. Il faut réellement des moyens pour pouvoir régulièrement faire ces sorties de sensibilisation", explique-t-il.
Un phénomène qui renvoie des effets contraires que celui de résorber le chômage, comme cela pouvait être attendu, souligne le gouverneur de cette région du Sud-ouest burkinabè, Tagsséba Nitiema.
"Quand vous venez sur les sites d’orpaillage, vous pouvez trouver 20.000 de nos jeunes qui travaillent là-bas. Et ce sont des jeunes qui se nourrissent essentiellement de ça, et aussi qui résout du coup la question du chômage", analyse-t-il.
"Il devient un problème parce qu’il est anarchique, parce qu’ils utilisent des produits dont ils n’ont pas la maîtrise ; je pense au cyanure, je pense au mercure qui empoisonnent les eaux et notre environnement. Les jeunes qui devraient se scolariser sont en train de déserter les écoles. Les problèmes ne manquent pas et souvent même ça entraîne des morts d’hommes. Mais il faut que la présence des forces de l’ordre, de l’Etat amoindrissent ce genre de conséquences de ces incidents-là. C’est là où nous demandons que les plus hautes autorités de l’Etat s’impliquent et que nous soyons présents quand il faut l’être", insiste-t-il.
C’est un véritable village qui s’est créé autour de ce site d’orpaillage où les habitants essaient, autant que faire se peut, de travailler à la sueur de leurs fronts pour sortir de la pauvreté, à charge aux autorités de travailler à ce que les règles soient respectées. Et que les enfants, les élèves, les étudiants ne délaissent pas les classes pour venir sur le site travailler.
Issa Napon, envoyé spécial à Djikondi