A 68 ans, elle est l'une des deux favorites de la course à la présidence du Congrès national africain (ANC), un tremplin qui pourrait lui permettre de succéder à son ancien époux à la tête de l'Afrique du Sud après les élections de 2019.
Cette militante anti-apartheid ne fait pas partie des ténors de l'ANC mais, face au vice-président Cyril Ramaphosa, elle bénéficie de l'appui total de Jacob Zuma.
"On peut lui faire confiance", a lancé le président en mai.
Mais au fil des mois, ce soutien s'est révélé très encombrant pour Mme Dlamini Zuma, accusée par ses détracteurs de vouloir protéger son ancien époux des poursuites judiciaires qui le menacent dans de nombreux scandales de corruption.
Jacob Zuma n'est pas "convaincu de ses qualités de dirigeante", estime le commentateur politique Ranjeni Munusamy, il souhaite d'abord "assurer sa propre survie".
Ce "ticket" Zuma ne serait donc qu'une sorte de "remariage" d'intérêt, entre deux personnalités aux styles bien différents.
En public, Nkosazana Dlamini Zuma est aussi grave et discrète que son ancien mari est jovial et démonstratif. Elle se présente comme féministe, il est polygame. Elle est perçue comme plutôt honnête, quand lui est englué dans les "affaires".
Lobbyiste
Elle n'échappe cependant pas à toutes les controverses. En novembre, un livre à charge contre le président affirme qu'elle a reçu l'aide d'un trafiquant de tabac pour financer sa campagne. Des accusations qu'elle a démenties.
Depuis qu'elle a quitté l'UA début 2017 et réintégré la vie politique sud-africaine en tant que députée, Mme Dlamini Zuma mène une campagne de terrain assidue auprès des militants de l'ANC.
Elle est "extrêmement populaire au sein du parti" malgré son "déficit de charisme", souligne la journaliste Carien du Plessis, qui a écrit sa biographie. "Elle est très forte pour rallier les gens et faire du lobbying."
Et pour cause. Nkosazana Dlamini Zuma connaît parfaitement les arcanes de l'ANC et du gouvernement. De 1994 à 2012, elle a été ministre de la Santé, des Affaires étrangères et de l'Intérieur.
Son bilan est mitigé. Elle peut se targuer d'avoir joué un rôle-clé dans les pourparlers de paix en République démocratique du Congo. Mais elle a gardé le silence sur les errements du président sud-africain Thabo Mbeki dans la lutte contre le sida.
Dans sa course à la tête de l'ANC, elle met en avant son expérience à la tête de la commission de l'UA (2012-2017).
"Elle se présente comme celle qui a dirigé le continent et qui est au-dessus de la politique", résume Liesl Louw-Vaudran, de l'Institut pour les études sur la sécurité.
Mais son passage aux commandes de l'organisation panafricaine est loin d'avoir fait l'unanimité.
A Addis Abeba, elle s'est entourée d'une garde rapprochée de Sud-Africains, surnommée la "mafia". Et "elle a fait très peu de gestes en matière de sécurité, de droits de l'homme, d'élections, les sujets importants sur lesquels on attend un président de la commission de l'UA", selon Liesl Louw-Vaudran.
'Anti-occidentale'
A son actif, note toutefois l'analyste, elle a défendu la cause des femmes et lutté contre le mariage des enfants.
Idéologiquement, celle qui arbore des coiffes chatoyantes et des tenues aux imprimés africains défend des positions "anti-occidentales", selon Liesl Louw-Vaudran.
Face à son rival Cyril Ramaphosa, ancien syndicaliste reconverti en richissime homme d'affaires, Mme Dlamini Zuma se présente comme une adversaire du "monopole blanc".
"La transformation radicale de l'économie, maintenant ou jamais", clame son slogan de campagne, qui reprend la formule de son ex-époux en faveur du transfert du pouvoir économique de la minorité blanche à la majorité noire.
Née en 1949 dans la province sud-africaine du KwaZulu-Natal (est), Nkosazana Dlamini Zuma a, fait rare dans la culture zouloue, été encouragée par son père à étudier.
Elle rejoint jeune les rangs de l'ANC, fer de lance de la lutte contre l'apartheid. La répression la contraint en 1976 à s'exiler au Royaume-Uni, où elle décroche son diplôme de médecin.
Elle rentre au pays en 1990, l'année où l'icône Nelson Mandela est libéré après vingt-sept ans de prison.
C'est au Swaziland qu'elle rencontre Jacob Zuma, dont elle devient la troisième épouse en 1982. Après seize ans de mariage, ils divorcent pour "points de vue irréconciliables" mais entretiennent toujours de bonnes relations.
"Sa grande faiblesse vis-à-vis de Jacob Zuma, c'est leurs quatre enfants", estime Carien du Plessis. "Ce sera très difficile pour elle de laisser s'engager des poursuites" judiciaires contre lui, ajoute la journaliste, "je pense que ses enfants la persuaderont" de le protéger.
Avec AFP