Mais le pêcheur n'en est en réalité pas un: c' est un un marin qui participe à "African Nemo", exercice de la Marine française dans le Golfe de Guinée avec des marines africaines pour combattre la criminalité en mer.
Cela va de la pêche illicite à la piraterie en passant par les prises d'otages, dans une des zones maritimes les plus dangereuses du monde.
Fin février, le patrouilleur français de haute mer Lavallée a ainsi multiplié les exercices avec les marines nationales d'Afrique centrale pendant cinq jours.
Non loin de l'archipel de Sao Tome et Principe, la marine nationale de ce petit archipel de l'Atlantique doit arrêter des membres d'équipage d'un navire de pêche illicite.
Un soldat santoméen monté sur le Lavallée avec son équipage pour un "contrôle du navire" finit par fouiller puis passer les menottes à un pêcheur en situation illégale, joué par un Français.
Malgré la barrière de la langue, les marins santoméens parviennent à donner des ordres aux "pêcheurs" qui s'agitent un peu, se plaignent de la chaleur et haussent la voix.
Un des soldats santoméens se charge de soigner un faux blessé parmi les "pêcheurs", en lui passant une atèle au bras.
Une fois l'exercice terminé, l'heure est au bilan. Pour les Santoméens, il faudra revoir certains points comme la façon de fouiller un individu, ou encore les mesures de sécurité pour aborder un navire.
Autre scénario, cette fois avec la marine gabonaise: intervenir contre des pirates.
Sur le patrouilleur gabonais Omboué, partide Libreville, on s'interroge sur les modalités de l'intervention pour ne pas violer les lois maritimes.
"On va venir à votre rencontre, je crains que vous n'ayez pas le choix", déclare à la radio, en anglais, un officier gabonais dans l'exercice qui met en scène un "manque de coopération" du navire.
"Ce genre d'exercice est instructif et nous met dans des conditions réelles", affirme à l'AFP le commandant du patrouilleur gabonais, Gael Mbanda.
- Peu de recul -
"African Nemo en est à sa 5ème année d'existence" et "nous n'avons pas encore le recul" nécessaire pour bien mesurer l'impact des entraînements sur la réduction ou non des crimes maritimes dans le Golfe de Guinée, estime le capitaine Emmanuel, commandant adjoint du bureau Afrique pour les opérations en Atlantique de la Marine française.
Depuis juin 2013 et la signature du "processus de Yaoundé", les marines d'Afrique de l'ouest et centrale renforcent leur coopération dans la sous-région pour améliorer la sécurité maritime.
Mais tout n'est pas rose: outre les besoins en formation, en apprentissage de la législation maritime, "les moyens matériels manquent pour être efficaces", selon un marin gabonais.
Les marines restent diversement impliquées dans le renforcement de la sécurité maritime: les entraînements, comme African Nemo, "nous permettent de connaître nos faiblesses en matériel et en personnel", estime le commandant gabonais Gael Mbanda.
Le Golfe de Guinée est resté en 2017 un point chaud de la piraterie maritime, selon le Bureau maritime international. Sur 16 incidents où des bateaux ont essuyé des coups de feu à travers le monde, sept y ont été recensés, selon le BMI.
Aussi, les modes d'action des pirates ont évolué. "On est passé du +bunkering+ - vol de matériel sur un bateau - à une augmentation des prises d'otages contre rançon", explique le capitaine Emmanuel.
Quant à la pêche illégale, elle fait des "ravages" dans le golfe de Guinée, "région la plus impactée", selon l'Union européenne. La pêche non-déclarée et non-réglementée, "représente un tiers des captures (de poissons), soit environ 1,5 milliard d'euros", selon des chiffres de l'UE de 2016.
"La pêche illégale représente un quart de la valeur des exportations africaines", déclare pour sa part Lionel Kinadjian, chargé de la pêche à l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) au Gabon.
Avec AFP