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Un ex-agent double russe empoisonné en Angleterre


Un policier pres du lieu de l'attaque contre un ex-agent double russe, Salisbury, Angleterre, le 6 mars 2018
Un policier pres du lieu de l'attaque contre un ex-agent double russe, Salisbury, Angleterre, le 6 mars 2018

Pendant près de dix ans, Sergueï Skripal a transmis aux services britanniques des informations sur l'armée russe avant d'être démasqué. Réfugié en Angleterre à l'issue d'un échange d'espions retentissant, il y aurait été empoisonné.

L'homme de 66 ans hospitalisé dimanche "en état critique" pour "une exposition présumée à une substance toxique" a été identifié comme Sergueï Skripal par le ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson, qui a précisé que l'ex-espion était accompagné par sa fille Youlia, 33 ans.

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Tous deux ont été "retrouvés inconscients dans un centre commercial dimanche", selon le ministre.

Sergueï Skripal avait connu une longue carrière au sein du GRU, les redoutés services de renseignements de l'armée russe, jusqu'à en devenir colonel. Il était passé en 1999 au ministère russe des Affaires étrangères, où il était resté quatre ans avant de devenir professeur à l'Académie militaro-diplomatique du ministère de la Défense.

Sa position privilégiée avait attiré l'attention des services de renseignements britanniques, qui l'avaient recruté à partir de 1995 selon ses déclarations à la justice russe.

A partir de cette date, et jusqu'à son arrestation en 2004, il avait fourni l'identité de plusieurs dizaines d'agents secrets russes opérant en Europe et des informations concernant les unités militaires russes ainsi que leur état de préparation au combat.

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En échange, il aurait reçu 100.000 dollars, perçus via un compte bancaire en Espagne.

Lors de son procès, M. Skripal avait reconnu sa culpabilité. Il avait été condamné en août 2006 à 13 ans de camp à régime sévère et son titre de colonel lui avait été retiré.

En 2010, l'arrestation spectaculaire aux Etats-Unis de dix agents russes "dormants" dont la célèbre espionne Anna Chapman, remettait Sergueï Skripal au cœur de l'attention.

Avec Igor Soutiaguine, chercheur condamné à 15 années de camp pour espionnage au profit des Etats-Unis, Alexandre Zaporojski, ancien colonel du renseignement russe condamné à 18 ans de camp pour le même motif, et Guennadi Vassilenko, ancien agent du KGB condamné à 3 ans de prison pour possession illégale d'armes, il est échangé contre les 10 agents russes.

Au terme de cet échange historique, le plus important depuis la fin de la Guerre froide, il s'est réfugié en Angleterre où il menait une vie discrète.

Le Kremlin a assuré n'avoir "aucune information". "Vous savez pourquoi il était en Occident, à la suite de quelles actions et décisions, je ne vais pas revenir dessus. Et maintenant, nous observons qu'une situation tragique a eu lieu", a assuré à la presse un porte-parole de Vladimir Poutine.

Mais les révélations sur un possible empoisonnement ont fait ressurgir le souvenir de l'affaire Litvinenko, du nom d'un ex-agent des services secrets russes (FSB) et opposant à Vladimir Poutine, empoisonné en 2006 à Londres au polonium-210, une substance radioactive extrêmement toxique.

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Une enquête menée en Grande-Bretagne avait mis en cause les autorités russes, concluant que Vladimir Poutine, avait "probablement approuvé" l'homicide de l'ex-espion, une mise en cause qualifiée de "blague" par Moscou.

Dans le cas de Sergueï Skripal, "il ne représente pas de danger pour la Fédération de Russie", a assuré l'ancien agent secret et désormais député Andreï Lougovoï, soupçonné par la police britannique d'avoir empoisonné M. Litvinenko avec Dmitri Kovtoun.

"Le conflit est terminé: il a été arrêté, condamné, a témoigné puis a été gracié et rendu", a-t-il expliqué à l'agence RIA-Novosti. Libéré à l'issue du même échange d'espions et également réfugié au Royaume-Uni, Igor Soutiaguine a assuré ne pas craindre pour sa vie, même si "la pratique des services spéciaux qui consiste à liquider les traîtres existe".

"S'ils se sont débarrassés de Skripal, on se demande bien pourquoi : il avait reconnu sa culpabilité, a été amnistié, a purgé une partie de sa peine, je ne vois pas l'intérêt d'une vengeance", a-t-il cependant tempéré, interrogé par le site de Radio Liberté.

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"Il est peu probable que les services secrets aient pu souhaiter le tuer, il n'était personne, à la différence de Litvinenko avec qui il était possible de créer un scandale politique très sérieux, ce qui s'est produit", a estimé Alexandre Mikhaïlov, général de réserve des services de renseignement russes du FSB.

La mort d'Alexandre Litvinenko, le 1er novembre 2006, avait causé une grave crise diplomatique entre Moscou et Londres.

Avec AFP

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