Ces nouvelles règles, qui entreront en vigueur le 1er novembre 2018, ont été édictées à partir des résultats d'une étude menée par l'IAAF prouvant que les athlètes intersexuelles, qui produisent de la testostérone en excès, sont avantagées dans plusieurs épreuves.
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Ces preuves scientifiques ont été réunies après la décision, en 2015, du Tribunal arbitral du sport (TAS) de suspendre le règlement par lequel l'IAAF obligeait les athlètes hyper-androgènes à suivre des traitements pour faire baisser le taux de testostérone.
Le TAS avait été saisi par la sprinteuse indienne Dutee Chand, aux performances plus modestes que celles de Semanya.
Cette dernière défraie la chronique depuis son premier titre mondial remporté en août 2009 à Berlin, où son apparence physique et son chrono avaient suscité sur le champ les interrogations des médias.
Depuis l'athlète sud-africaine règne sur le double tour de piste : double championne olympique, en 2012 après la disqualification pour dopage de la Russe Marya Savinova et en 2016, et à nouveau deux fois championne du monde (2011 et 2017).
Agée de 27 ans, la native de Pietersburg a aujourd'hui étendu ses compétences du 400 m au 1.500 m, en plein dans l'œil du cyclone.
Le Congrès National Africain (ANC), parti au pouvoir en Afrique du Sud, a pris note "avec une grande inquiétude" de la décision de l'IAAF.
"Ces nouvelles règles portent atteinte aux droits humains des athlètes, ciblant principalement ceux d'Europe de l'Est, d'Asie, et du continent africain. La connotation raciale ne peut pas passer inaperçue", a dénoncé l'ANC, qui en appelle au gouvernement pour faire appel devant le TAS de "cette tentative particulièrement injuste, injustifiée et, de manière flagrante, raciste".
Motivée par le "cas Semenya", l'étude de l'IAAF relève que l'avantage pour ces athlètes présentant des "différences de développement sexuel (DSD)" est prépondérant sur les distances entre le 400 m et le mile, soit aux frontières de la vitesse et de la résistance.
- Equité des compétitions -
L'IAAF, insistant sur l'impératif "de préserver l'égalité des chances au sein des compétitions d'athlétisme", précise que "le présent règlement a pour unique finalité de garantir une compétition juste et pertinente au sein de la catégorie féminine, au profit de l'ensemble des athlètes féminines."
"Il n'a aucune visée de jugement ou de remise en question de l'identité sexuelle ou de genre d'une athlète, quelle qu'elle soit. Au contraire, l'IAAF considère essentiel de respecter et de préserver la dignité et la vie privée des athlètes présentant une DSD", est-il ajouté.
Concrètement, les athlètes DSD spécialistes des disciplines olympiques concernées (400 m, 400 m haies, 800 m, 1.500 m) devront faire baisser leur taux de testostérone sous les 5 nanomole/l de sang, contre 10 précédemment.
L'étude de l'IAAF a passé en revue plus de 2.000 données, prenant en compte les meilleures performances d'athlètes masculins et féminines aux Championnats du monde 2011 et 2013, et le taux de testostérone naturelle dans le sang.
Selon ces résultats, les femmes aux plus hauts taux avaient de meilleures performances dans certaines disciplines que celles présentant un taux moindre.
"Imaginez à combien cet avantage peut se monter pour des femmes dont le taux de testostérone équivaut à celui d'un homme", avait commenté le docteur Stéphane Bermon, cité par l'IAAF, quand l'étude de l'IAAF avait été publiée par la revue médicale Bristish Journal of Sports Medecine.
Les taux de testostérone anormalement élevés favorisent l'accroissement de la masse et de la puissance musculaires, facilitent aussi la circulation de l'hémoglobine. Ce qui procure un avantage "significatif" aux hyper androgènes.
Auteure du doublé 800-1500 m aux récents Jeux du Commonwealth en Australie, la championne sud-africaine va donc devoir à nouveau se soumettre à la prise de médicaments pour faire baisser son taux de testostérone, comme ce fut le cas entre 2011 et 2015. Ou alors s'aligner sur d'autres distances.
Avec AFP