"Nous n'acceptons pas l'infantilisation de la nation camerounaise. C'est en toute connaissance de cause qu'ils (les Camerounais) mettent leur bulletin dans l'urne", a déclaré, joint par téléphone depuis Libreville, le porte-parole du gouvernement camerounais, Issa Tchiroma Bakary.
Un communiqué de la représentation des Etats-Unis à Yaoundé indiquait que l'ambassadeur américain au Cameroun, Peter Henry Barlerin, avait "suggéré au président qu'il devrait réfléchir à son héritage et à comment il veut que l'on se souvienne de lui dans les livres d'histoire".
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Une présidentielle est prévue cette année au Cameroun, à laquelle Paul Biya - 85 ans dont 35 au pouvoir - n'a pas dit s'il se présenterait.
L'ambassadeur américain s'est également exprimé sur la situation des régions anglophones du Cameroun, en proie à un conflit depuis des mois entre forces de l'ordre et séparatistes anglophones.
Washington accuse Yaoundé d'"assassinats ciblés", parlant aussi "des incendies (ainsi que) des pillages de villages", tout en reconnaissant les exactions commises par les séparatistes.
"Toute la nation camerounaise fait l'objet d'une agression violente de la part d'une minorité violente et extrémiste. (...) On ne peut pas mettre sur le même plan la victime et son bourreau", a réagi à l'AFP M. Tchiroma.
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Le gouvernement fait des tentatives de "médiation" via "des commissions qui parcourent les régions anglophones comprenant des représentants de la société civile dont des chrétiens, des musulmans et des athées", a-t-il ajouté.
Le porte-parole camerounais a cependant fait part de "la gratitude des Camerounais envers l'Amérique pour le soutien protéiforme dans la lutte contre Boko Haram et dans l'appui aux militaires".
Les Etats-Unis ont offert à la mi-mai deux avions C-208 Cessna pour lutter contre le groupe islamiste, qui sévit dans l'Extrême-Nord camerounais.
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Réagissant à un communiqué de la France ce samedi à l'occasion de la fête nationale camerounaise, M. Tchiroma a exprimé sa "gratitude au nom du peuple camerounais envers la France qui s'est toujours tenue à nos côtés".
Dans son communiqué, la France parle de la "solidarité face aux crimes commis contre, notamment, des représentants de l'Etat" en zone anglophone sans dénoncer d'exactions de la part de Yaoundé, contrairement au communiqué des Etats-Unis.
Avec AFP