Né dans un township de Port Elizabeth (sud-est), Kolisi, 26 ans, déjà capitaine de l'équipe des Stormers en Super Rugby, a fait ses débuts avec les Springboks en 2013 et compte 28 sélections.
Un autre joueur noir, Chiliboy Ralepelle, avait porté en 2006 le brassard de capitaine du XV sud-africain mais uniquement pour une rencontre sans enjeu face à une sélection mondiale qui n'avait pas le rang d'un test-match officiel.
Lors d'une conférence de presse, Rassie Erasmus a par ailleurs indiqué que le capitanat serait attribué à Pieter-Steph du Toit, un Blanc, pour le test-match samedi des Springboks contre le Pays de Galles, un match délocalisé aux Etats-Unis, à Washington.
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"C'est un grand honneur d'être nommé capitaine des Springboks. Siya et Pieter-Steph sont deux hommes honnêtes qui travaillent dur et bénéficient du respect de leurs coéquipiers", a justifié Rassie Erasmus. "Je crois que tous les deux feront du bon travail".
"Ma philosophie est que chaque joueur doit prendre ses responsabilités et travailler très dur avec un objectif en tête, s'assurer que les Springboks gagnent de nouveau", a-t-il ajouté.
Kolisi occupera le poste de capitaine pour les test-matchs des Springboks contre l'Angleterre qui débutent le 9 juin.
'Pression'
Il a récemment commenté le rôle de capitaine qu'il occupe déjà en Super Rugby. "Je ne suis pas du genre à faire des discours genre +Braveheart+. Ce qui m'intéresse c'est l'action".
Revenant sur sa saison inégale en Super Rugby, il avait expliqué: "J'ai réalisé que je ne pouvais pas bien jouer tous les matches".
"C'est quelque chose que je dois apprendre à gérer parce qu'en tant que leader, je me mets énormément de pression pour être performant chaque week-end. Je suis en train d'apprendre à gérer cette pression personnelle et le rôle de capitaine."
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Sa nomination lundi est très symbolique pour le rugby sud-africain, qui peine à se débarrasser, près d'un quart de siècle après la fin de l'apartheid, de l'image de sport réservé aux Blancs.
Pendant le régime raciste blanc, la majorité noire était interdite de représenter l'Afrique du Sud en rugby.
Depuis l'avènement de la démocratie en 1994, les progrès pour intégrer les Noirs dans l'équipe nationale des Springboks, pour représenter davantage la population sud-africaine, ont été extrêmement lents.
Pour accélérer la "transformation" raciale de l'équipe, la fédération et le gouvernement ont d'ailleurs convenu que la moitié de l'équipe des Springboks qui participera à la Coupe du monde au Japon en 2019 devrait être noire.
Polémiques
Mais Rassie Erasmus a expliqué être confronté au même problème que ses prédécesseurs, à savoir que le réservoir de joueurs noirs était encore mince.
L'équipe choisie pour les matches tests contre le Pays de Galles et l'Angleterre est composée de 24 Blancs et de 19 Noirs.
La société sud-africaine, et le rugby en particulier, reste minée par les tensions raciales héritées de l'apartheid.
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Mi-mai, un ancien Springbok, Ashwin Willemse, un Noir reconverti en commentateur télévisé, a accusé deux anciens confrères Blancs d'être "condescendants" à son égard.
En plein direct, il a quitté précipitamment le plateau de télévision, affirmant que deux Naas Botha et Nick Mallett le "discréditaient".
Avant d'être dirigée sur le terrain par un capitaine noir, l'équipe nationale l'a déjà été depuis le banc de touche par des sélectionneurs noir ou métis.
Le premier, Peter de Villiers, a entraîné le XV sud-africain de 2008-2012. Noir lui aussi, Allister Coetzee a dirigé les Springboks à partir de 2015 jusqu'à mars dernier. Mais il a été limogé en raison de son piètre bilan de 11 victoires en 25 matches, remplacé par le Blanc Rassie Erasmus.
Son règne calamiteux a nourri une polémique sur ses origines raciales. Ses détracteurs avaient affirmé qu'il avait été favorisé en raison de sa couleur de peau.
Avec AFP