C'est une "rencontre historique, accompagnée par l'ensemble de la communauté internationale" et "une étape clé pour la réconciliation", s'est félicité le président français Emmanuel Macron à l'issue d'une conférence à l'Elysée en présence d'une vingtaine de pays et organisations internationales.
Le Premier ministre du gouvernement d'union nationale, Fayez al-Sarraj, et son rival, le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l'est du pays, se sont retrouvés dix mois après leur rencontre en France le 25 juillet 2017.
Ils ont été rejoints cette fois par le président de la Chambre des représentants, Aguila Salah, basé à Tobrouk (est) et qui ne reconnaît pas le gouvernement de Tripoli, ainsi que par celui du Conseil d'Etat, équivalent d'une chambre haute à Tripoli, Khaled al-Mechri.
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"Nous nous sommes engagés (...) à œuvrer de manière constructive avec les Nations unies pour organiser (...) des élections dignes de foi et pacifiques", législatives et présidentielle, le 10 décembre, et à "respecter leurs résultats", indique la déclaration qu'ils ont endossée.
Le texte a été lu en arabe à l'issue de la rencontre et approuvé oralement par les quatre responsables libyens, à la demande de M. Macron, mais n'a pas donné lieu à une signature devant les caméras comme cela était prévu initialement.
"Donc tout le monde travaille ensemble sur cette base, bravo!", a conclu le président français, très impliqué dans la recherche d'une solution à la crise libyenne depuis son élection en mai 2017.
- "Assez de sang a coulé" -
Une signature s'avérait compliquée entre des acteurs qui "ne se reconnaissent pas mutuellement", a-t-il concédé. Mais après un tel engagement devant 20 pays, "plus personne ne pourra dire +je n'étais pas d'accord+".
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Emmanuel Macron a reconnu que "deux grandes difficultés" demeuraient: le "risque terroriste", notamment du groupe état islamique (EI), et "l'insécurité" qui mine le pays, alimentée par une myriade de milices.
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Cette réunion a été également qualifiée d'"historique" par l'envoyé spécial de l'ONU, Ghassan Salamé. "Nous ne remplaçons pas les Libyens, ce sont eux qui s'entendent entre eux. C'est capital", a-t-il dit, en se montrant "optimiste" sur le processus lancé.
Pour sa part, Fayez al-Sarraj a appelé "à arrêter les combats partout en Libye" car "assez de sang a coulé", et "tout le monde au dialogue".
Les quatre responsables se sont engagés à trouver une "base constitutionnelle" pour ces élections d'ici au 16 septembre 2018, sans décider si cela passerait par un référendum.
Ce processus, très contentieux, qui doit notamment définir les pouvoirs du futur président, pourrait conduire à "retarder les élections", a concédé une source proche du dossier.
- Expérience irakienne -
Les responsables de toute "obstruction" au processus électoral auront à "rendre des comptes", avertit la déclaration. Ils pourront être faire l'objet de sanctions de l'Union européenne ou de l'ONU, selon l'Elysée.
La feuille de route prévoit aussi la suppression "à terme" des structures parallèles, notamment le gouvernement installé dans l'est du pays, et appelle à une unification de la Banque centrale ainsi que des forces de sécurité libyennes, aujourd'hui émiettées en de multiples milices outre l'Armée nationale libyenne (ANL) autoproclamée du maréchal Haftar.
Les pays "parrains" des différentes forces en présence - les Emirats arabes unis et l'Egypte soutiennent le maréchal Haftar, le Qatar et la Turquie certains groupes islamistes -ont assisté à la conférence de Paris.
Les présidents tchadien Idriss Déby, nigérien Mahamadou Issoufou, tunisien Béji Caid Essebsi et congolais Denis Sassou Nguesso, représentant de l'Union africaine sur la Libye, ainsi que le Premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia, représentaient les pays voisins et l'Union africaine.
Le centre d'analyses International Crisis Group (ICG) a toutefois jugé que la conférence de Paris risquait d'être "contre-productive", en l'absence d'un consensus plus large incluant l'ensemble des acteurs politiques et militaires de ce pays.
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Le général Ibrahim Ben Rjab, chef du conseil militaire de Misrata, qui n'a pas participé à la réunion par hostilité au maréchal Haftar, estime ainsi que la déclaration "ne vaut pas grand-chose puisqu'elle n'a pas été signée" mais y voit quand même des "points positifs" comme l'unification des institutions.
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"L'expérience irakienne des années 2000 a montré qu'organiser des élections dans un contexte sécuritaire incertain et dans des pays fortement polarisés peut nuire aux processus d'inclusions et donner des résultats contre-productifs", a mis en garde Karim Bitar, directeur de recherches à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).
Avec AFP