Le stade Louis-II s'est totalement figé une fois la ligne franchie par l'athlète de 27 ans mais ce n'était pas un mirage, le tableau d'affichage a bien indiqué le temps hallucinant de 8 min 44 sec 32. Un exploit irréel pour la Kényane, qui a ainsi amélioré sa marque personnelle de près de 15 secondes...
Chepkoech est entrée dans la légende de l'athlétisme dans la touffeur du Rocher mais ce record va forcément faire parler et pose question. Quelques heures plus tôt, l'Unité d'intégrité dans l'athlétisme (AIU) révélait en effet que celle qui était jusque-là en tête du bilan de tous les temps, la Bahreïnie Ruth Jebet (8 min 52 sec 78 depuis le 27 août 2016 à Paris), était suspendue provisoirement après la découverte d'EPO dans ses urines. De quoi jeter le trouble.
Avant cette entrée en trombe dans l'histoire de sa discipline, Chepkoech était plus connue pour ses différentes mésaventures sur la piste. Au pied du podium aux Jeux de Rio en 2016, la Kényane avait de nouveau échoué en 2017 aux Mondiaux en raison d'une erreur rocambolesque de parcours. En tête du peloton de la finale après quelques 500 mètres, elle avait continué sur l'extérieur de la piste dans le dernier virage, "oubliant" la rivière placée à l'intérieur. Toutes ses avanies ont été effacées d'un trait vendredi à Monaco.
- "Sentiment incroyable" -
"Je voulais battre ce record du monde, c'était mon plan depuis le début de la saison, a expliqué l'héroïne de la soirée. Je savais que ma meilleure chance serait à Monaco en raison de la météo et du public. Et le plan a marché. C'est un sentiment incroyable de ramener le record du monde du 3000 m steeple au Kenya et j'en suis très fière, surtout après six ans de carrière et trois ans sur le steeple".
La fusée Chepkoech a fatalement éclipsé les nombreuses autres grosses performances réussies à Monaco, qui restera sans doute comme la réunion la plus prolifique de ces dernières années.
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Sur 200 m, le phénomène américain Noah Lyles (21 ans) a confirmé tout son potentiel et frappé fort en réussissant le meilleur temps de 2018 (19 sec 65), tout comme la Bahaménne Shauna Miller-Uibo sur 400 m (48 sec 97), le Kényan Timothy Cheruiyot sur 1500 m (3 min 28 sec 41), le Marocain Soufiane El Bakkali sur 3000 m steeple (7 min 58 sec 15), le Russe Danil Lysenko à la hauteur (2,40 m à égalité avec Mutaz Essa Barshim) et le Botswanien Nijel Amos sur 800 m (1 min 42 sec 14). L'occasion pour le champion du monde français Pierre-Ambroise Bosse d'effectuer sa dernière course avant les Championnats d'Europe (6-12 août à Berlin).
- Nouveau record de France -
"PAB", 6e en 1 min 44 sec 20, n'avait pas encore été aussi rapide cette année, ce qui a eu le don de le rassurer, même s'il ne se voit qu'en "outsider" en Allemagne après la belle prestation de l'Espagnol Saul Ordonez (3e en 1 min 43 sec 65).
"Cela faisait longtemps que je n'avais pas fait une course en 1 min 42, peut-être même jamais, a déclaré le Français. Cela fait du bien de revenir au plus haut niveau et de faire partie du paquet de tête. J'aurais bien aimé faire 1 min 43 mais je l'ai laissé à Ordonez qui va arriver avec le statut de favori à Berlin".
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Il faudra aussi compter aux "Europe" avec Ninon Guillon-Romarin, qui n'en finit pas de progresser. La perchiste de Cergy-Pontoise (23 ans) a battu pour la 3e fois de l'année le record de France (4,75 m) et peut nourrir de sérieux espoirs de médaille.
Il n'y a pas eu d'étincelles sur 110 m haies avec le succès sans surprise de l'intouchable Russe Sergey Shubenkov (13 sec 07) mais le Français Pascal Martinot-Lagarde, 3e, y a amélioré son chrono de 2018 (13 sec 20). Là aussi une bonne nouvelle dans l'optique de l'Euro.
Avec AFP