Le parti de gauche radicale Podemos - qui avait favorisé l'arrivée au pouvoir en juin du socialiste Pedro Sanchez - a jugé "scandaleux" ce type de pratiques. "On peut difficilement garantir les droits humains quand des refoulements sont réalisés en si peu de temps", a déclaré le député de Podemos Chema Guijarro.
Il a plutôt appelé le gouvernement a "agir comme aux premiers jours de son mandat", quand il avait accueilli le navire Aquarius chargé de migrants ou promis de retirer les barbelés des clôtures barrant l'accès aux micro-territoires espagnols de Ceuta et Melilla, enclavés dans le Maroc.
Les 116 migrants africains qui ont été expulsés jeudi étaient parvenus à escalader la haute barrière de Ceuta, alors que certains jetaient sur les agents des excréments, de la chaux vive ou des acides, selon la Garde civile.
La situation "de violence et de risque pour nos corps de sécurité de l'Etat est inacceptable", a déclaré vendredi la vice-présidente du gouvernement, Carmen Calvo, pour justifier leur renvoi collectif ultrarapide.
L'opération se base, selon le gouvernement, sur la réactivation d'un accord bilatéral conclu en 1992 avec le Maroc. "Tous ont bénéficié d'un avocat, d'un interprète et d'une aide médicale" et ont eu "la possibilité de solliciter l'asile mais ne l'ont pas fait", a affirmé le ministère de l'Intérieur.
"Nous nous voyons dans l'obligation de critiquer durement cette façon de procéder", ont réagi dans un manifeste 48 associations et ONG de défense des droits des migrants, dont Le Réseau espagnol de l'immigration, Caminando fronteras, Caritas Espagne ou la fédération SOS Racisme.
Elles estiment que le gouvernement a "dévoilé quelle est réellement sa politique migratoire" en essayant "d'implanter une sorte de +refoulements à chaud en différé+".
La précipitation de toute l'opération "permet de douter de sa légalité", selon ces associations qui dénoncent "un pas de plus dans la politique d'externalisation des contrôles" frontaliers et affirment qu'au Maroc, les droits des migrants sont "systématiquement bafoués".
Plus de 30.000 migrants sont arrivés en Espagne depuis janvier par mer et terre, selon l'Organisation internationale des migrations, faisant de ce pays la première porte d'entrée de l'immigration clandestine en Europe.
Avec AFP