Président du Mouvement de libération du Congo (MLC), M. Bemba passait pour un candidat de l'opposition sérieux à la succession du président Joseph Kabila, qui n'a pas le droit de se représenter.
"La Cour constitutionnelle siégeant en matière de contentieux de candidature à l'élection présidentielle, après avis du procureur général (...) confirme l'inéligibilité de M. Jean-Pierre Bemba Gombo pour subornation des témoins en recourant à la corruption", a déclaré le président de la chambre.
M. Bemba avait saisi la Cour constitutionnelle car la commission électorale nationale indépendante (Céni) avait déclaré sa candidature irrecevable en août.
Réaction du candidat
"C'est très inquiétant, au delà même de ma personne, le fait que l'on choisisse des opposants", a réagi sur France 24 M. Bemba, investi par un parti d'opposition au scrutin de décembre qui doit désigner le successeur de Joseph Kabila.
"La Cour constitutionnelle est aux ordres du pouvoir en place (...). Tout ça n'est qu'une mise en place qui veut que le candidat du pouvoir puisse ne pas avoir de candidat sérieux devant lui", a-t-il poursuivi.
Nous allons "assister à une parodie d'élection" en décembre, a estimé l'ancien rebelle, qui avait été acquitté en appel par la Cour pénale internationale (CPI) de sa condamnation à dix-huit ans pour crimes de guerre et contre l'humanité commis par sa milice en Centrafrique.
Pour la Cour constitutionnelle congolaise, "la subornation de témoins est une circonstance aggravante dans l'infraction de corruption" en RDC. "C'est en bon droit que la Céni a conclu à l'inéligibilité de M. Jean-Pierre Bemba".
Condamnation de la CPI
Il avait déposé sa candidature après un retour triomphal à Kinshasa et son acquittement en appel par la Cour pénale internationale (CPI) de sa condamnation à dix-huit ans dans l'affaire principale, celle de crimes de guerre et contre l'humanité.
Il a été condamné dans une affaire annexe pour subornation de témoins par la CPI, qui rendra en appel sa décision le 17 septembre.
Les partisans de M. Bemba affirment au contraire que la subornation de témoins est différente de la corruption et ne fait pas partie des motifs d'invalidation d'une candidature, selon la loi électorale.
"C'est une décision politique pour écarter un adversaire gênant. Le Congo est tombé trop bas, c'est la honte pour la République démocratique du Congo", a réagi auprès de l'AFP Eve Bazaiba, secrétaire générale du MLC.
Outre M. Bemba, la Cour a jugé "non fondé" le recours de l'ex-Premier ministre Adolphe Muzito, un des six candidats invalidés par la Céni.
La plus haute instance judiciaire du pays a par contre ordonné à la commission électorale d'annuler sa décision d'écarter de la course à la présidentielle deux autres candidats : l'ex-Premier ministre Samy Badibanga et la seule femme candidate, Marie-Josée Ifoku.
Tous deux avaient été écartés par la Commission électorale pour "défaut de nationalité (congolaise) d'origine".
Avec AFP