A Olembé, une banlieue de Yaoundé, le stade de 60.000 places qui devait abriter les matchs d’ouverture et la finale du tournoi, est encore en construction. Au lendemain du retrait de la CAN 2019 au Cameroun, le chantier d’ Olembé, est l’objet de toutes les attractions.
Par petits groupes, ou seuls, les riverains du chantier arrivent sur le site. Les mines sont tristes et le ton dur. « Le Cameroun n’est pas prêt pour organiser cette CAN », affirme sans ambages, Fontal, un jeune rappeur et réalisateur camerounais, rencontré à Olembé par VOA Afrique.
Un avis que partage Edith, une étudiante à Yaoundé venue elle aussi visiter le chantier. « Les travaux n’avancent pas comme il le faut, c’est tout », constate-t-elle sobrement.
Jean-Jacques, quant à lui, habite à une centaine de mètres du stade d’Olembé. « Je suis déçu, je ne peux pas être content », lâche t-il. Le cinquantenaire, main sur les hanches, les yeux rivés sur le chantier du stade, ne cache pas son mécontentement au regard de l’état d’avancement des travaux à Olembé.
A l’une des entrées qui conduit vers le futur complexe sportif d’Olembé, un autre groupe de jeunes gens, commentent la décision de la Confédération africaine de football.
«C’est un chantier que j’observe depuis un bon bout de temps. Les travaux me semblent assez insuffisants. Et si vous ajoutez d’autres facteurs comme l’insalubrité, le mauvais état des routes, les problèmes de transport, je me dis que ça n’allait pas être une occasion vraiment réussie », soutient Daniel Mengue, le plus enthousiaste du groupe.
La CAN 2019 était aussi un rêve pour les jeunes footballeurs de la « Best Talent Sport Academy ». Un centre de formation dont les séances d’entraînement ont lieu chaque samedi non loin du chantier du stade.
« La CAN était un prétexte supplémentaire pour créer cette émulation au sein de notre groupe et permettre à nos jeunes de rêver », confie à VOA Afrique , Hervé Lando, promoteur de la « Best Talent Sport Academy ».
En prélude à la CAN 2019, la banlieue d’Olembé s’est modernisée avec des routes élargies et des villas et logements sociaux flambants neufs.
Un gâchis, selon Abdou et Armand, deux jeunes de la banlieue d’Olembé, qui crient à la conspiration contre le Cameroun.
« Le Cameroun a été victime d’un complot. Quand vous voyez le stade, vous voyez tout ce qui a changé... Ça veut dire que c’est presque fini », se défend Abdou. Armand lui pense que : « le Cameroun était prêt ».
Par la voix du porte-parole du gouvernement, les autorités camerounaises ont qualifié la décision de la CAF « d’injuste ».
« Cette décision est étonnante à plus d’un titre, elle ne rend assurément pas justice ni aux investissements colossaux consentis par notre pays et qui se traduisent aujourd’hui par de belles infrastructures modernes visibles de tous, ni à l’engagement déterminé du chef de l’État et au peuple camerounais à déployer les efforts nécessaires pour abriter en 2019, une fête éclatante du football africain ». a déclaré au cours d’un point de presse, Issa Tchiroma Bakary, ministre de la communication.
En 1972, le Cameroun avait organisé une coupe d’Afrique des nations de football. 46 ans après, le pays va devoir encore attendre pour réunir une nouvelle fois l’élite du football africain.
Pour l’ensemble des infrastructures devant abriter la CAN 2019, le Cameroun a dépensé plus de 1000 milliards de francs CFA.