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Nouvelles manifestations dans plusieurs villes soudanaises


Manifestation contre la hausse des prix à Atbara, dans l'État du Nil au nord-est du Soudan le 20 décembre 2018.
Manifestation contre la hausse des prix à Atbara, dans l'État du Nil au nord-est du Soudan le 20 décembre 2018.

De nouvelles manifestations ont été organisées dimanche dans des villes soudanaises, ont rapporté des témoins, alors que le calme a prédominé à Khartoum, au cinquième jour d'une vague de protestations contre la hausse du prix du pain qui a connu des heurts meurtriers.

La récente décision du gouvernement d'augmenter le prix du pain de 1 à 3 livres soudanaises (de 2 à 6 centimes d'euros) suscitent depuis mercredi des manifestations. Elles ont entraîné au moins huit morts -six à Al-Gadaref (est) et deux à Atbara (est)-- lors de heurts avec les forces anti-émeutes, selon des responsables et des témoins.

Le principal dirigeant d'opposition, Sadek al-Mahdi, a dénoncé samedi une "répression armée", et évoqué un bilan supérieur, de 22 morts, impossible à vérifier de source indépendante.

Dimanche, des centaines de personnes se sont réunies sur le marché d'Oum Rawaba, dans l'Etat du Kordofan du Nord, scandant pour certains +le peuple veut la chute du régime+", a indiqué par téléphone à l'AFP un habitant.

La police les a empêchées de pénétrer dans un bâtiment officiel, a-t-il ajouté. Des pneus ont été brûlés dans les rues principales, a précisé un autre résident.

Des "centaines" de manifestants se sont également rassemblés, selon un témoin, à Atabara (est), ville dans laquelle le mouvement est né et où deux personnes sont mortes jeudi.

"Les forces anti-émeutes (...) se sont opposées à eux", a indiqué à l'AFP un habitant. La police et des personnes "habillées en civil" les ont aspergé de gaz lacrymogènes, a-t-il ajouté.

- Appel à la grève -

Parallèlement, un groupement de travailleurs de différents secteurs d'activités a appelé dans un communiqué à mener diverses actions de grèves, à commencer par les hôpitaux lundi.

"Les médecins n'interviendront que dans les cas d'urgence", a précisé à l'AFP Mohamed al-Assam, membre de ce groupement.

Dimanche, les grandes artères de Khartoum sont restées calmes, alors qu'écoles et universités sont fermées pour une période indéterminée sur décision des autorités, a constaté un correspondant de l'AFP.

Des policiers anti-émeutes, équipés de matraques et de gaz lacrymogènes, étaient postés aux abords des bâtiments universitaires, d'après la même source.

"On nous a demandé de quitter les lieux ce matin à 07H00" (05H00 GMT), a expliqué une étudiante d'une université du nord de Khartoum.

Ailleurs, des habitants ont fait la queue devant les boulangeries, qui refusaient de vendre plus de 20 miches de pain par personne.

"J'ai une grande famille et ce pain ne nous suffit pas pour les trois repas" quotidiens, a déploré l'un d'eux. "Il ne m'autorisera pas à t'en donner plus", a répondu un employé en désignant un agent de sécurité.

Dans le même temps, les autorités ont annoncé, via l'agence officielle Suna, l'arrestation d'une "cellule de saboteurs qui souhaitaient commettre des actes de vandalisme dans la capitale". Elles ont ajouté que ce groupe comprenait des "membres de partis d'opposition", sans les nommer.

Sadiq Youssef, un cadre de la coalition d'opposition des Forces du consensus national, a affirmé samedi que 14 membres de ce mouvement, dont le président Farouk Abou Eissa, avaient été arrêtés "à la sortie d'une réunion".

A Al-Gadaref, où les manifestations ont fait six morts jeudi, le propriétaire d'une boutique a affirmé que les magasins avaient rouvert sous la surveillance de soldats. "Ils arpentent le marché armés", a-t-il dit.

Le Soudan connaît des difficultés économiques croissantes avec une inflation de près de 70% et une plongée de la livre soudanaise face au dollar.

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