"M. Boubacar Yalcoué, reconnu coupable de diffamation, rentre en voie de condamnation avec six mois de prison dont deux mois avec sursis", a déclaré la présidente du tribunal de la Commune 5 de Bamako, Wassa Sermé. Le jugement a été délivré sans mandat de dépôt et le journaliste est sorti libre du tribunal.
Ses avocats ont décidé de faire appel de sa condamnation "pour que le droit soit dit", ont-il indiqué.
L'organisation de défense des médias Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé dans un communiqué "l'extrême sévérité de cette décision" et demandé aux autorités maliennes "d'honorer au plus vite leur promesse de dépénaliser les délits de presse afin qu'il ne soit plus possible d'envoyer des journalistes en prison pour des faits commis dans l’exercice de leur fonction".
Il est reproché au directeur de publication de l'hebdomadaire "Le Pays" d'avoir écrit un article affirmant que le chef de l'Etat, Ibrahim Boubacar Keïta, "aurait tenté de corrompre les sages" de la Cour constitutionnelle. L'article avait été publié après la réélection au second tour, en août, de M. Keïta pour un second mandat de cinq ans, une victoire contestée par l'opposition.
M. Yalcoué affirmait que la somme de neuf cent millions de francs CFA (1,4 million d'euros) aurait été proposée pour que la Cour constitutionnelle valide la réélection du président sortant et que trois de ses neuf membres auraient refusé.
La Cour Constitutionnelle du Mali a "salué" dans un communiqué la condamnation de M. Yalcoué et "réaffirmé sa détermination à protéger contre toute dérive et préserver l'intégrité de l'ensemble de ses membres".
Le président de la Maison de la presse à Bamako, Alou Dramane Koné, interrogé par l'AFP, a en revanche mis en avant "des failles dans le dossier et des irrégularités". "En matière de délit de presse, lorsqu'il y a irrégularité, le dossier tombe automatiquement. Nous ne sommes pas d'accord avec le verdict", a t-il dit.
Le Mali occupe la 115e place dans le classement mondial de la liberté de presse 2018 établi par RSF.