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Dix-neuf morts en huit jours de manifestations au Soudan


Les partisans de Sadiq al-Mahdi, ancien Premier ministre soudanais et chef du parti de l'opposition Umma, se sont rassemblés devant une mosquée située dans la mosquée d'Omdurman, la ville jumelle de la capitale, Khartoum, le 19 décembre 2018.
Les partisans de Sadiq al-Mahdi, ancien Premier ministre soudanais et chef du parti de l'opposition Umma, se sont rassemblés devant une mosquée située dans la mosquée d'Omdurman, la ville jumelle de la capitale, Khartoum, le 19 décembre 2018.

Dix-neuf personnes, dont deux membres des forces de sécurité, ont été tuées lors des manifestations contre la hausse du prix du pain qui secouent le Soudan depuis le 19 décembre, ont indiqué jeudi les autorités dans un nouveau bilan.

Elles avaient d'abord fait état de 8 morts parmi les manifestants, tandis que l'ONG Amnesty International affirme que 37 manifestants ont été tués.

Un des partis de la coalition au pouvoir a évoqué le chiffre de 17 morts tandis qu'une formation d'opposition affirmait que 22 protestataires ont été tués.

Depuis huit jours, le Soudan est confronté à un mouvement de contestation sociale qui touche plusieurs villes dont la capitale, et porte notamment sur le triplement du prix du pain en plein marasme économique.

Mais au-delà des revendications sociales, les manifestants réclament aussi "la chute du régime" du président Omar el-Béchir, au pouvoir depuis 1989.

Les troubles ont entraîné jeudi la démission d'Abdarouf Grnas, à la tête du ministère de la Santé pour la province du Nord.

Cette démission est la première d'un haut responsable, de surcroît membre d'un parti membre de la coalition au pouvoir, depuis le début des manifestations.

Moubarak el-Fadiel, à la tête du parti Oumma pour la réforme et le renouveau, a affirmé à l'AFP qu'il s'agissait "d'une première étape, qui sera suivie d'autres mesures", sans donner plus de précisions.

Appel à manifester

Des militants et des groupes d'opposition ont de nouveau appelé à manifester dans les jours qui viennent.

"Nous appelons le peuple soudanais à poursuivre ses manifestations jusqu'à ce que nous obtenions la victoire en renversant le régime", a ainsi lancé le Parti communiste dans un communiqué. Plusieurs de ses membres ont été arrêtés en marge des protestations.

La formation communiste a aussi appelé "tous les partis d'opposition à s'unir et à travailler ensemble pour coordonner ce mouvement".

Un réseau de journalistes soudanais défendant la liberté d'expression a aussi lancé jeudi une grève de trois jours afin de protester contre la répression gouvernementale, dans ce pays d'Afrique classé 174e sur 180 au classement mondial de la liberté de la presse 2018 établi par Reporters sans frontières.

Le rédacteur-en-chef du journal indépendant Al-Tayar, Osmane Mirghani, a de son côté indiqué à l'AFP que les services de sécurité avaient emmené jeudi huit journalistes qui protestaient devant les locaux d'Al-Tayar contre la répression. Ils ont été libérés peu après, a indiqué un de ces journalistes à l'AFP.

Mercredi, le parti du Congrès populaire (PCP), membre de la coalition au pouvoir, a réclamé l'ouverture d'une enquête sur la mort de manifestants lors de ce mouvement de contestation à l'ampleur quasi inédite depuis trois décennies.

Soutien du Caire

Mardi, le Royaume-Uni, les Etats-Unis, la Norvège et le Canada se sont dits "inquiets" de ces violences "réaffirmant le droit du peuple soudanais à manifester pacifiquement".

L'Egypte, pour sa part, a exprimé jeudi son soutien au voisin soudanais.

Le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Choukri et le chef du Renseignement égyptien Abbas Kamel, se sont ainsi rendus à Khartoum pour des discussions avec le président Omar el-Béchir et plusieurs hauts responsables soudanais.

"La stabilité du Soudan équivaut à la stabilité de l'Egypte", a déclaré jeudi M. Choukri à des journalistes à l'issue de sa rencontre avec Omar el-Béchir. "L'Egypte est prête à soutenir le Soudan", a-t-il ajouté.

Le président Béchir, 74 ans, avait tenté lundi de calmer le mécontentement en promettant d'entreprendre de "vraies réformes" pour remédier à la crise économique.

Amputé des trois quarts de ses réserves de pétrole depuis l'indépendance du Soudan du Sud en 2011, le pays a vu l'inflation s'établir à près de 70% tandis que la livre soudanaise plongeait face au dollar américain.

La population a ainsi vu le prix du pain passer d'une livre soudanaise (1 centime d'euro) à trois livres, tandis que le prix du carburant grimpait également.

Le 12 octobre 2017, la levée de sanctions imposées par Washington avait suscité un espoir de relance économique.

Mais plusieurs hommes d'affaires soudanais ont affirmé à l'AFP que la décision américaine de maintenir leur pays sur une liste noire des "Etats soutenant le terrorisme", ainsi que des "opportunités manquées" de réformes, ont empêché le redressement espéré.

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