Les experts ont conclu que des membres du groupe Raia Mutomboki Kokodikoko avaient violé collectivement 17 femmes en septembre, les soumettant à la torture et à l'esclavage sexuel, selon des entretiens réalisés avec des victimes, un témoin, les autorités locales et d'autres sources.
"Le groupe a conclu que Masudi Alimasi Kokodikoko, chef du groupe Raia Mutomboki dans le territoire de Shabunda, a été un des principaux responsables des viols collectifs d'au moins 17 femmes en septembre 2018", indique le rapport de 61 pages remis au Conseil de sécurité des Nations Unies.
Les femmes et filles, âgées de 15 à 70 ans, ont été enlevées entre les 8 et 9 septembre dans la province de Sud-Kivu (est) par les membres du groupe armé. Puis elles ont été faites prisonnières d'une "grande caverne en pierre" dans la forêt et violées pendant quatre jours, selon le rapport.
"Ils ont également inséré différents outils dans leurs vagins, blessant grièvement certaines femmes. Celles qui résistaient subissaient des sévices supplémentaires", selon a même source.
Danses et chants
"Le fait que les membres de Raia Mutomboki crient: Tchai! Tchai! (Thé! Thé!) annonçaient généralement le début des viols". Les miliciens dansaient et chantaient alors des chansons "décrites comme pleines de jurons" à la gloire de leur chef, indique le rapport.
"Kokodikoko choisissait les femmes qu'il préférait, d'habitude les plus jeunes, et les violait en premier. Il a violé au moins neuf femmes. C'est seulement après avoir violé les femmes choisies par ses soins qu'il autorisait ou ordonnait à ses hommes de violer".
Les viols collectifs auraient impliqué des enfants soldats, selon des victimes qui ont rapporté que des adolescents de 15 ou 16 ans étaient présents dans la caverne pendant ces exactions.
La région a été témoin de nombreuses scènes de violences sexuelles au cours des décennies de conflit impliquant des milices armées dans l'Est de la RDC.
Le chirurgien congolais Denis Mukwege a reçu le prix Nobel de la paix de cette année pour avoir aidé les femmes victimes de viols à surmonter le traumatisme.
Joint au téléphone par les enquêteurs de l'ONU, M. Kokodikoko a pour sa part nié toute exaction et rejeté les accusations de viols collectifs par son groupe, lit-on dans le rapport.
Les experts ont rappelé que les coupables de violences sexuelles s'exposent à des sanctions en vertu de résolutions de l'ONU et ont exhorté les autorités à enquêter et poursuivre les responsables.
Vendredi, l'armée congolaise avait annoncé avoir capturé un chef de milice accusé de viols systématiques dans le Sud-Kivu.
Isaac Chirambiza, écroué mardi, est le chef d'un autre groupe de Raia Mutomboki, qui se présentent comme les défenseurs des Congolais contre les FDLR, un groupe armé rwandais présent dans l'est de la RDC depuis des décennies.