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L'enjeu de la transparence, l'ombre des violences


Une femme transporte une machine à voter électronique depuis un bureau de vote à Kinshasa, le 31 décembre 2018, le lendemain des élections présidentielles.
Une femme transporte une machine à voter électronique depuis un bureau de vote à Kinshasa, le 31 décembre 2018, le lendemain des élections présidentielles.

La République démocratique du Congo attendait lundi les premiers résultats de l'élection présidentielle à un tour intervenue la veille avec des questions sur leur transparence et des risques d'une contestation violente.

La tension monte, à la hauteur de l'enjeu historique du scrutin: la succession du président Jospeh Kabila, premier dirigeant congolais à renoncer au pouvoir sous la pression de la Constitution depuis l'indépendance en 1960.

Internet a été "suspendu" lundi à la mi-journée pour une "période indéterminée" sur "instruction du gouvernement", a indiqué un fournisseur d'accès. Information confirmée par Vodacom, un des trois opérateurs de téléphonie mobile avec Airtel et Orange.

Le camp du candidat d'opposition Martin Fayulu a accusé l'"Agence nationale de renseignements" d'avoir coupé internet pour endiguer la diffusion d'une "vague" de procès-verbaux "qui confirment la victoire écrasante" du candidat.

"J'ai déjà gagné", a déclaré le "dauphin" du président Kabila, le candidat du pouvoir Emmanuel Ramazani Shadary, dès dimanche matin après avoir voté.

Lundi, sa coalition a invité "la population congolaise à garder son calme et à attendre les résultats provisoires". La Commission électorale nationale indépendante (Céni) doit officiellement publier d'ici dimanche les résultats des ces élections, présidentielle, législatives et provinciales.

MM. Ramazani Shadary, Fayulu, ainsi que l'autre candidat d'opposition Félix Tshisekedi, ont tous indiqué qu'ils disposaient de leur propre "centre de compilation" des résultats.

L'entourage de M. Tshisekedi a distillé à la presse des résultats le plaçant en tête avec plus de 50% des voix dans une vingtaine de bureaux de vote à Kinshasa, sa place forte du Kasaï et dans le Sud-Kivu, bastion de son directeur de campagne Vital Kamerhe.

Dépouillement des voix à Goma
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Taux de participation parmi les 40 millions d'inscrits, déroulement du scrutin dans les dizaines de milliers de bureaux de vote, transparence des opérations du dépouillement jusqu'à la centralisation des résultats: des questions cruciales se posent qui peuvent allumer la mèche d'une contestation violente, comme lors des deux précédentes élections de 2006 et 2011.

La Conférence des évêques (Cenco) a relevé dès lundi matin des anomalies dans le comptage des voix, sur la base d'un rapport partiel de ses 40.000 observateurs.

"3.626 (rapports) indiquent que le nombre des bulletins dans l'urne était égal aux données électroniques de la machine à voter", a déclaré le secrétaire général de la Cenco à la presse, citant "4.161 rapports sur le dépouillement".

Par défaut, cela signifie que ce n'était pas le cas dans 535 bureaux, soit 12,8% des rapports.

De Kinshasa à Goma, 2.000 km plus à l'est, de Kisangani à Lubumbashi, les premiers résultats étaient affichés à destination des habitants dans les centres de vote où le comptage des voix s'est parfois poursuivi toute la nuit jusqu'au matin.

Les élections à Bukavu
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La participation ne dépassait pas 50% dans deux bureaux du centre Saint-Georges de Kinshasa et un bureau de vote de l'école Zanner à Goma, où l'opposant Fayulu arrivait largement en tête.

A Kisangani (nord-est), les "témoins" (observateurs) des partis politiques ont dormi à même le sol ou sur les pupitres d'un bureau de vote du centre La Sagesse pendant le comptage des bulletins de vote, a constaté un correspondant de l'AFP.

Tensions au Kasaï

"Il y a eu plusieurs cas" d'observateurs obligés de quitter les bureaux de vote dans les 26 provinces, a indiqué lundi matin à l'AFP un porte-parole de l'ONG Symocel, l'autre grande mission d'observation électorale congolaise avec celle des évêques.

"Nous avons même eu des cas où nos observateurs ont été molestés et violentés, à Mbuji-Mayi" (Kasaï, centre), a détaillé ce porte-parole, Luc Lutala.

A Mbuji Mayi, le parti historique d'opposition UDPS de Félix Tshisekedi a accusé le gouverneur Alphonse Ngoyi Kasanji d'avoir voulu remplir les urnes en faveur du camp du pouvoir.

"Je l'ai appelé et je l'ai prévenu que nous n'accepterons pas les résultats qu'il essaie de se faire fabriquer", a déclaré à l'AFP le président fédéral de l'UDPS Denis Kalombo.

De son côté, le porte-parole du gouverneur Vincent Ngoyi accuse les militants de l'UDPS d'avoir tenté de s'emparer des machines à voter.

Le porte-parole de la Symocel a par ailleurs confirmé la mort de quatre personnes dans les opérations électorales dans la province du Sud-Kivu: "Il n'y a pas que les quatre morts, il y a aussi des blessés".

"Un agent électoral essayait de tricher, de faire voter les gens pour le compte du candidat au pouvoir, ce qui aurait déclenché une réaction du public. La police est intervenue. De là, il y a eu ce bilan là", a-t-il détaillé.

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