"C’est une première sur le continent", fait remarquer l’analyste politique, Henri Désiré N’Zouzi. "Le contentieux électoral dans lequel la RDC va s’engager à partir de cette semaine va opposer deux opposants", précisant que c’est un fait plus "singulier" qui mérite d’être souligné.
L’opposant Martin Fayulu va donc engager samedi une bataille judiciaire pour obtenir le recomptage des voix et l’annulation de l’élection de Felix Tshisekedi, donné gagnant par la Ceni. M. N’Zouzi livre quatre scénarios possibles: primo, la Cour Constitutionnelle rejette le recours de Martin Fayulu ; secundo, elle valide l’élection de Felix Tshisekedi ; tertio, elle donne raison à Fayulu et ordonne le recomptage des voix ; enfin, la Cour annule le scrutin et invalide tout le processus.
Henri Désiré N’Zouzi déclare que tout risque de repartir à "zéro" en cas de cette dernière hypothèse. "On revient à la case départ avec comme conséquences politiques l’ouverture d’une période de transition", indique Mr. N’Zouzi. D’après lui, le président Kabila pourra "continuer jusqu’à l’installation du nouveau président élu", ou connaître une transition sans Kabila au modèle du Burkina Faso et de la Centrafrique. "Un président intérimaire qui n’aurait pas le droit de se présenter à l’élection présidentielle", ajoute l’analyste.
-La France et les Etats-Unis commettent une maladresse diplomatique-
"Un fâcheux précédent", déplore Henri Désiré N’Zouzi, la prise de position des deux pays qu’il accuse d’"ingérence" pour imposer l’issue du scrutin. "Il y a eu beaucoup de maladresse de la part de ces deux pays (…) jamais la communauté internationale ne s’était ingérée de manière répétée donnant quasiment des ordres, affichant très clairement leur préférence par rapport aux différents candidats", a souligné M.N’Zouzi.
Les opposants Martin Fayulu et Felix Tshisekedi, tous les deux alliés d’hier pour faire partir le régime Kabila, sont allés aux élections en ordre dispersé avec toujours un même objectif de mettre fin à l’ère Kabila. Le pari gagné, reste l'issue judiciaire pour trancher.
-Que la Cenco laisse la Cour Constitutionnelle faire son travail-
"La Cenco a maintenant intérêt à faire profil bas", estime l’analyste N’Zouzi. Il pense que les déclarations de la Cenco visaient à faire "accroître la pression" pour que la Ceni publie des résultats conformément à la vérité des urnes. "Il y a eu suffisamment de confusion qu’elle-même a entretenu (…) qu’elle laisse sereinement la Cour constitutionnelle faire son travail", a-t-il ajouté. Le dernier mot revient à cette juridiction, et son "arrêt sera opposable à tous, quel que soit sa décision", conclut Henri Désiré N’Zouzi.
La cour dispose de moins de dix jours pour se prononcer après le dépôt d'un recours. L’Eglise catholique ne lâche pas, elle a saisi l'ONU pour faire publier les PV du scrutin. Entre temps, le bilan des violences post-électorales s'est alourdi à au moins neuf morts.