L'attaque de Rann, à environ 175 km au nord de Maiduguri, la capitale de l'Etat du Borno, a commencé lundi en fin d'après-midi, forçant les civils, en grande majorité des déplacés, à fuir.
Elle semble porter la marque d'ISWAP, la faction de Boko Haram affiliée au groupe Etat islamique (EI), qui cible essentiellement des positions militaires et a mis l'armée en déroute à de nombreuses reprises ces derniers mois.
Les insurgés ont obligé les soldats de la base militaire de Rann à battre en retraite avant d'incendier les camps de déplacés, forçant les civils à fuir en brousse, selon une source militaire basée à Maiduguri.
"Jusque-là nous avons trois soldats tués et deux toujours portés manquants", a affirmé cette source sous couvert d'anonymat à l'AFP.
"La base a été incendiée par les terroristes, qui ont emporté des armes et des véhicules laissés par les soldats lorsqu'ils ont battu en retraite".
La mauvaise visibilité due à l'Harmattan, vent saisonnier, a empêché les avions de décoller et, sans soutien aérien, les troupes au sol ont dû battre en retraite.
Les responsables de l'armée contactés par l'AFP n'étaient pas disponibles pour commenter dans l'immédiat.
Un travailleur humanitaire basé à Maiduguri a affirmé que de nombreux déplacés avaient fui vers Bulale, du côté camerounais de la frontière.
"Quatre déplacés ont été tués. Deux ont été abattus par balle et deux autres égorgés par les assaillants", a-t-il affirmé. "Plusiers abris ont brûlé. Ils ont aussi pillé des réserves de nourriture dans la ville".
Des renforts militaires sont arrivés mardi matin de Gamboru, une localité nigériane située à quelque 40 km de Rann, a ajouté l'humanitaire.
Rann, qui accueille environ 35.000 déplacés, a été visée à plusieurs reprises par les insurgés depuis le début du conflit il y a dix ans, qui a fait plus de 27.000 morts.
Les opérations humanitaires avaient temporairement été suspendues en mars 2018, après une attaque d'ISWAP visant surtout l'armée, mais au cours de laquelle trois humanitaires avaient été enlevées. Deux des otages ont depuis été exécutés.
Des dizaines de personnes avaient par ailleurs péri en janvier 2017, lorsque l'armée a bombardé "par erreur" les camps de déplacés de la ville, en pourchassant les insurgés.
La situation s'est dégradée de façon inquiétante ces dernières semaines dans la région.
Plus de 30.000 personnes ont fui fin décembre les combats entre l'armée et les jihadistes dans la région de Baga, sur les rives du lac Tchad, qui sert de base arrière à l'ISWAP, selon l'ONU.