Ses deux principaux opposants, l'ex-maire de Dakar Khalifa Sall et l'ancien ministre Karim Wade ont été écartés définitivement.
Identique à la liste provisoire publiée le 14 janvier, elle a été affichée en fin de soirée sur des panneaux disposés devant le siège du Conseil constitutionnel, où attendaient plusieurs dizaines de journalistes, dans un quartier résidentiel de Dakar.
Outre celle de Macky Sall, le Conseil a validé, comme la semaine précédente, les candidatures du député Ousmane Sonko, ancien haut fonctionnaire et figure montante de l'opposition, de l'ex-Premier ministre Idrissa Seck, d'un proche de l'ancien président Abdoulaye Wade (2000-2012), Madické Niang, et du candidat du Parti de l'Unité et du Rassemblement (PUR), El Hadji Sall.
Les "sept sages" ont sans surprise écarté les recours introduits par Karim Wade, ex-ministre et fils d'Abdoulaye Wade (2000-2012), et Khalifa Sall, dissident du Parti socialiste, qui avaient pourtant recueilli le nombre requis de parrainages - environ 52.000 signatures - mais sont frappés par des condamnations judiciaires.
"Naturellement, la décision qui vient d'être rendue publique par le Conseil constitutionnel, nous la rejetons totalement", a déclaré à la presse le représentant de Khalifa Sall, Babacar Thioye Ba.
"Le Conseil constitutionnel n'a pas rendu une décision fondée sur le droit. Pour utiliser une image, le Conseil constitutionnel, c'est un peu la tour de Pise. Il est toujours penché du même côté, celui du pouvoir", a ajouté le conseiller de l'ancien député-maire de Dakar, radié de l'Assemblée nationale le 17 janvier.
"La seule riposte, la seule réponse, reste l'action politique", a également indiqué Babacar Thioye Ba, en annonçant que des consultations auront lieu dans les prochains jours entre candidats de l'opposition pour définir leur stratégie.
Le Sénégal, qui a connu deux alternances, en 2000 et en 2012, et aucun coup d'Etat, fait figure de modèle de démocratie dans la région.
Mais des organisations internationales et régionales, ainsi que des ONG de défense des droits de l'Homme, ont dénoncé le caractère "inéquitable" de certains procès, notamment ceux de Karim Wade et Khalifa Sall, ou des restrictions aux libertés publiques.
Le Parti démocratique sénégalais (PDS, libéral), qui a investi Karim Wade et n'a officiellement pas prévu de "plan B" en cas d'invalidation de sa candidature, n'a pas réagi dans l'immédiat.
Pour rejeter la candidature de Karim Wade, le Conseil avait relevé la semaine dernière sa condamnation en 2015 à six années de prison pour "enrichissement illicite" et la mention "personne non inscrite sur le fichier électoral" sur la carte d'identité figurant dans son dossier.
Il a cette fois jugé que le recours introduit par le représentant de sa coalition et ne portant pas la signature de Karim Wade était "irrecevable", les réclamations n'étant ouvertes qu'aux candidats ou à leur représentants dûment mandatés.
Condamné quant à lui à cinq ans de prison pour "escroquerie portant sur les deniers publics", Khalifa Sall, en détention depuis bientôt deux ans et dont le pourvoi en cassation a été rejeté le 3 janvier, est bien privé de sa qualité d'électeur et ne peut donc pas non plus se porter candidat, a estimé le Conseil, en rejetant tous les arguments de l'ancien maire de la capitale.