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Etats unis-Chine: négociations de la dernière heure dans le bras de fer commercial


Le vice-Premier ministre chinois Liu He, en concertation avec le représentant américain du Commerce, Robert Lighthizer (AP Photo / Mark Schiefelbein, 15 février 2019 )
Le vice-Premier ministre chinois Liu He, en concertation avec le représentant américain du Commerce, Robert Lighthizer (AP Photo / Mark Schiefelbein, 15 février 2019 )

Ministres américains et chinois entament jeudi à Washington un round de négociations de la dernière heure pour tenter de dénouer un bras de fer commercial qui, depuis bientôt un an, met les nerfs des marchés et des industriels à l'épreuve.

Le représentant américain au Commerce Robert Lighthizer (USTR), le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin et du côté chinois le vice-Premier ministre Liu He doivent se mettre autour de la table pour deux jours de pourparlers.

Ces négociations à haut niveau font suite à deux jours de travaux dans la capitale américaine entre les délégations des deux pays. Rien ou presque n'a transpiré de ces discussions.

Reconnaissant que les négociations étaient "très complexes", le président Donald Trump a toutefois assuré mardi qu'elles se passaient "très bien", et semblé donner du mou sur la date butoir du 1er mars au-delà de laquelle la Maison Blanche veut plus que doubler les droits de douane supplémentaires sur des importations de marchandises chinoises.

"La date n'est pas une date magique parce que beaucoup de choses se passent", a lancé M. Trump.

"Je crois que les deux présidents" Donald Trump et Xi Jinping "ont ordonné à leurs négociateurs de conclure un marché", a estimé David Dollar, un expert de l'économie chinoise à la Brookings Institution.

"Même s'il y a un peu de flexibilité sur la date limite, il y a une forte pression sur les deux hommes", Robert Lighthizer et Liu He, explique à l'AFP cet ancien émissaire du Trésor américain en Chine.

"Accord de façade en perspective" pour William Reinsch, du centre de réflexion CSIS à Washington, "compromis avec effet d'annonce" pour Gary Clyde Hufbauer du Peterson Institute of International Economics (PIIE)... Une entente se profile en tout cas à l'horizon.

"Je suis certain qu'ils vont finir avec quelque chose qui sera très cosmétique mais qui reviendra à moins que ce que l'on demande", a estimé M. Reinsch, un ancien sous-secrétaire au Commerce de l'administration Clinton.

Les Américains réclament la réduction du déficit commercial avec la Chine mais aussi des changements "structurels" comme l'arrêt du transfert imposé de technologies, le respect des droits de propriété intellectuelle, la fin du piratage informatique et la levée de barrières non tarifaires.

Pékin devrait offrir "d'acheter davantage de produits américains ce qui va certainement contenter le président Trump", comme du soja, explique M. Dollar.

- Surveillance difficile -

Les Chinois "devraient accepter de coucher sur le papier les questions structurelles mais ensuite il va être difficile aux Etats-Unis de demander davantage", notamment pour surveiller l'application de ces changements profonds, ajoute-t-il.

Cet économiste précise néanmoins qu'une nouvelle loi sur les investissements étrangers en Chine devrait être présentée à la prochaine session de l'Assemblée nationale populaire qui s'ouvre le 5 mars. Au-delà de cela, "franchement, il va être difficile de penser à des mesures pour vérifier l'application", ajoute-t-il.

"Ceux qui pourront le mieux vérifier" la mise en place des réformes structurelles "seront les compagnies américaines faisant des affaires en Chine", suggère M. Hufbauer du PIIE. "Et il est probable que les services de l'USTR américain les interrogeront avec minutie pour évaluer si les choses bougent", ajoute-t-il.

William Reinsch du CSIS est plus pessimiste. "Je pense que ce sur quoi insiste M. Lighthizer est un plan d'application très intrusif, les Etats-Unis gardant la possibilité unilatérale de rétablir des surtaxes et je ne crois pas que les Chinois puissent faire tout ce qu'on leur demande".

David Dollar aussi pense que Washington veut garder sous la main "la menace des droits de douane" mais cela risque de prolonger "l'incertitude pour les milieux d'affaires".

Mais si accord il y a, l'administration américaine a fait miroiter une rencontre dans les prochaines semaines entre le président Xi et Donald Trump.

A Pékin ou à Washington? "Les deux camps ont leur fierté. Si le président Trump invite le président Xi dans sa propriété de Mar-a-Lago en Floride, avec tous les honneurs qui s'y attachent, je crois que le président chinois serait d'accord", conclut l'expert de la Brookings.

Avec AFP

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