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Un acteur américain invente une agression raciste pour "un coup de pub"


Jussie Smollett à New Yorl le 14 mai 2018.
Jussie Smollett à New Yorl le 14 mai 2018.

Fin de partie pour Jussie Smollett : l'acteur américain noir et ouvertement homosexuel, qui avait dit avoir été victime d'une attaque raciste et homophobe, a été écroué jeudi après avoir inventé cette agression pour tenter de faire avancer sa carrière, a annoncé la police de Chicago.

M. Smollett, 36 ans, l'une des vedettes de la série "Empire", s'est rendu aux autorités à 05H00 du matin. Il avait été inculpé la veille pour dépôt de fausse plainte et doit comparaître dans la journée devant un tribunal de Chicago.

Le comédien et chanteur "a exploité la douleur et la colère du racisme pour promouvoir sa carrière", a lancé le chef de la police de Chicago, Eddie Johnson, lors d'une conférence de presse au cours de laquelle il a eu des mots très durs envers l'acteur.

Jussie Smollett avait porté plainte fin janvier, affirmant avoir été agressé par deux individus masqués dans le centre de Chicago qui l'auraient abreuvé d'"insultes racistes et homophobes" avant de le frapper.

Il avait prétendu qu'une corde avait été enroulée autour de son cou et qu'une substance chimique avait été versée sur lui. Il avait aussi assuré que l'un des assaillants avait crié "Nous sommes en pays MAGA" une référence au slogan de campagne du président Donald Trump (Make America Great Again).

Une mise en scène, selon la police.

"Pourquoi quelqu'un, surtout un Noir américain, utiliserait le symbole d'une corde pour faire de fausses accusations? Comment quelqu'un peut-il voir dans la haine et la souffrance associées à ce symbole l'occasion de faire avancer sa notoriété?", s'est interrogé Eddie Johnson en référence au noeud coulant, symbole abhorré de l'esclavagisme et de l'époque des lynchages aux Etats-Unis.

"Les fausses plaintes causent des dégâts réels. Ce coup de pub est une cicatrice que Chicago ne mérite pas", a dénoncé le chef de la police, qui s'est dit "offensé" et "en colère".

Le président Trump lui-même s'est fendu d'un tweet sur l'affaire jeudi.

"Jussie Smollett, quid de MAGA et des dizaines de millions de personnes que vous avez insultées avec vos commentaires racistes et dangereux?", a-t-il écrit.

- "Mécontent de son salaire" -

Les autorités ont expliqué que Jussie Smollett avait d'abord essayé de faire parler de lui en s'envoyant "une fausse lettre contenant un langage raciste et homophobe".

"Quand ça n'a pas marché, Smollett a payé 3.500 dollars, un peu plus de 3.000 euros pour monter cette agression et traîner la réputation de Chicago dans la boue dans le même temps. Pourquoi? Parce qu'il était mécontent de son salaire", a affirmé Eddie Johnson.

Mercredi soir, la police avait déjà confirmé que l'acteur avait été inculpé de comportement déplacé et de dépôt de fausse plainte.

Les avocats de Jussie Smollett ont promis "de mener une enquête approfondie et de défendre vigoureusement" leur client.

"Comme tout autre citoyen, M. Smollett bénéficie de la présomption d'innocence, particulièrement dans une enquête comme celle-ci au cours de laquelle des informations, à la fois vraies et fausses, ont constamment fuité", ont-ils dit dans un communiqué.

Les conjectures sur la véracité de son témoignage se multipliaient depuis des semaines. La police avait fait état de ses doutes avant d'annoncer que son enquête avait changé de direction et que M. Smollett était désormais considéré comme "suspect".

L'agression présumée avait initialement provoqué une vive émotion et déclenché un torrent de condamnations.

De nombreuses personnalités l'avaient soutenu, comme l'actrice Emma Watson, la chanteuse Katy Perry et l'ancien vice-président Joe Biden.

La sénatrice démocrate de Californie et candidate déclarée à l'élection présidentielle de 2020, Kamala Harris, avait notamment qualifié l'évènement de "tentative moderne de lynchage".

Pour beaucoup, l'affaire Smollett sonne comme un avertissement.

"Beaucoup de politiciens et de journalistes ont semblé mettre temporairement de côté tout sens critique dans le cadre d'une campagne pour accabler non seulement les agresseurs de M. Smollett mais aussi le pays tout entier", a ainsi estimé le commentateur Noah Rothman dans une tribune dans le New York Times.

La Fox, qui diffuse la série "Empire", a dit "évaluer la situation et passer en revue ses options", en ajoutant "comprendre le sérieux de l'affaire".

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