"Les femmes sont les fossoyeuses de la gent féminine". Cette idée reçue continue de saper la lutte pour l’émancipation des femmes.
Pour déconstruire ce préjugé, en juillet 2018, la blogueuse togolaise Mikafui Akue a initié sur les réseaux sociaux le challenge "ForzaSistas".
Ledit challenge consiste à parler du parcours de jeunes femmes togolaises afin de les faire découvrir au grand public.
"ForzaSistas, c’est un challenge où il s’agissait pour les femmes de présenter trois femmes, de présenter leurs actions dans l’entreprenariat, dans la défense des droits humains etc. et de dire pourquoi ces femmes nous inspiraient ou pourquoi on les admirait. Ensuite vous devez encore choisir trois autres femmes pour qu’elles fassent le même exercice. Alors j’ai nominé Judith Gbaliboa, qui est une conseillère en image", raconte Mikafui Akue.
Judith Gbaliboa Laré se dit impressionnée par l’impact que ce challenge a eu sur sa vie professionnelle.
"Je n’étais même pas sur place quand ForzaSistas a été lancé sur la toile. J’étais un peu déconnectée pendant des jours. Puis un jour, lorsque j’ai fini par me connecter, j’ai vu le truc et puis je voyais que ça parlait des femmes qui faisaient des choses vraiment très intéressantes. Je suis tombée sur des personnes qui ont parlé de moi et, vraiment, c’était très impressionnant. Ça donnait même la chair de poule. C’est un peu comme si on apprenait à se connaitre soi-même. J’avoue que ça a apporté un coup (de pouce à) ma profession et ça m’a un peu mis en avance aussi parce que beaucoup de personnes m’ont connue à travers ces posts".
Les femmes togolaises sont appelées à renforcer la solidarité afin de mettre fin à la rivalité au sein de la gent féminine.
"ForzaSistas, c’est le fait d’être ensemble, avec la même idéologie, de faire les mêmes combats, de se soutenir, peu importe le domaine dans lequel chacune des femmes évolue. Alors, déjà voir une amie écrire sur soi, c’est motivant dans le sens où on ne veut pas décevoir cette personne. On veut pouvoir continuer à être cette personne que l’autre voit, surtout être solidaire. Et ce qui est formidable, c’est cette nouvelle génération qu’on est qui croit en l’autre, qui veut voir l’autre réussir et qui veut être avec l’autre", explique Falone Alognon, une "sista".
Cet engagement des femmes à se soutenir doit aussi inspirer les hommes, pense Didier Kissodé, qui se définit comme un ambassadeur du genre.
"ForzaSistas a apporté un changement de mentalité à l’endroit du genre féminin et aussi du genre masculin. Un exemple vraiment palpable, de le faire également entre nous les hommes puisqu'il y a un sérieux problème d’égo masculin qui se pose dans le soutien qu’on peut faire à un autre homme. Et je pense qu’avec cette solidarité, il y a une force unie qui est créée".
La communauté des "sistas" est composée aujourd’hui d’une cinquantaine de jeunes dames qui se serrent les coudes pour pouvoir impacter leur génération.
"On s’est rendu compte qu’on ne pouvait pas avoir un impact en rang dispersé. Ensemble, on va y arriver. ForzaSistas, c’est vital pour nous en fait. Nous femmes, nous devons nous entraider. ForzaSistas nous a permis aussi de voir que la solidarité en réalité, (...) est possible si on se donne les moyens pour", estime une "Forzasista".