A Djibouti, où il s'entretient mardi matin avec le président Ismaïl Omar Guelleh, il devrait s'exprimer sur la décision du président algérien Abdelaziz Bouteflika de renoncer à un cinquième mandat. Il s'est abstenu lundi soir de tout commentaire sur le sujet.
Le chef de l'Etat rencontrera ensuite le commandant de la base de Djibouti, la plus importante base française à l'étranger. La France cherche a garder son influence dans cette région stratégique, qui suscite les convoitises des grandes puissances, notamment de la Chine, qui y a ouvert en 2017 sa première base à l'étranger.
A la mi-journée, le chef de l'Etat s'envolera pour Lalibela, à 680 km au nord de la capitale éthiopienne Addis Abeba, site de célèbres églises rupestres du 13e siècle, classées au patrimoine mondial de l'Unesco.
Comme il l'a promis au Premier ministre éthiopien qu'il a reçu en octobre, Emmanuel Macron devrait annoncer un accord franco-éthiopien sur un nouveau système de protection de ces monuments menacés par l'érosion. Un modèle de la diplomatie culturelle que veut mener la France.
Les archéologues français, présents en Ethiopie depuis les années 50, font partie des meilleurs spécialistes mondiaux de ce patrimoine emblématique des Chrétiens d'Orient, au même titre que Petra en Jordanie, au potentiel touristique majeur.
En octobre, le Premier ministre Abiy Ahmed avait demandé l'aide de Paris pour remplacer les actuelles toitures qui protègent les églises, taillées dans une roche fragile qui se désagrège sous la pluie.
Car la population manifeste régulièrement contre les "parapluies" installés par l'Unesco et l'Union européenne en 2008 au dessus de 5 églises, des voiles reposant sur des piliers massifs battus par les vents. Les Ethiopiens craignent de voir les piliers s'effondrer sur les monuments.
"La France s'est engagée à travailler à Lalibela pour les années à venir", explique Marie-Laure Derat, directrice de recherche au CNRS et spécialiste du site.
"Nous avons mis en place une task force avec les responsables éthiopiens, pour que le projet soit concerté avec eux dès le départ. Les interventions de l'UE et de l'Unesco ont été mal perçues, faute de concertation avec les responsables locaux".
- 18 mois d'études -
La chercheuse française trouve les toitures actuelles laides et invasives mais sans risque pour les monuments et juge impossible, en tout cas, de se passer de toits. Mais des structures plus légères semblent envisageables. Un architecte accompagne la délégation présidentielle pour évaluer les options.
"Avec les Ethiopiens, nous sommes tombés d'accord: si les parapluies actuels devaient être démontés, il faudra un autre système de couverture, plus acceptable. Sinon on perdra une partie du site", insiste-t-elle.
Une phase d'expertise et d'étude est prévue dans les 18 mois qui viennent, pour établir un cahier des charges.
La contestation anti "parapluies" est aussi liée à la création, exigée par l'Unesco, d'une zone tampon qui a abouti à l'expropriation et la destruction des maisons de 5.000 habitants entre 2008 et 2016, explique cette historienne.
Pour apaiser la colère d'une population qui se sent incomprise, le Premier ministre éthiopien s'était rendu à Lalibela la veille de sa visite à Paris. Les Ethiopiens ont accueilli avec espoir l'annonce de l'engagement de la France.
Le président français doit conclure sa journée par un dîner d'Etat à Addis Abeba, dans un pays endeuillé par le crash dimanche d'un Boeing d'Ethiopian Airlines qui a fait 157 morts, dont 9 Français.
Mercredi matin, il rencontrera les dirigeants de l'Union africaine puis il se rendra au Kenya, dernière étape de son voyage, où il restera jusque jeudi. Il y assistera au sommet pour le Climat One Planet Summit et signera avec les dirigeants kényans des contrats d'un total de 3 milliards d'euros.
Avec AFP