"Les ports ont été et restent FERMES", a déclaré sur Twitter M. Salvini, ministre de l'Intérieur et vice-Premier ministre. Et son ministère a publié à l'intention des ONG concernées une directive de huit pages rappelant les lois en vigueur concernant les opérations de sauvetage, lois que M. Salvini accuse certains navires humanitaires de violer.
Tout en reconnaissant dans sa directive qu'aider les personnes dont les vies sont en danger est une "priorité", M. Salvini menace de "sanctions" ceux qui "violent explicitement les règlementations internationales, européennes et nationales concernant les sauvetages".
Ce nouvel avertissement de Rome intervient alors qu'un navire humanitaire battant pavillon italien, le Mare Jonio, a recueilli lundi 49 migrants au large des côtes de Libye, alors que les gardes-côtes libyens étaient présents sur la zone, et a demandé l'autorisation de débarquer ces migrants dans un port italien.
Selon le collectif Mediterranea, qui groupe plusieurs associations humanitaires, le bâtiment a pris la direction de l'île italienne de Lampedusa, "le port le plus sûr" selon lui, dans des conditions météorologiques qui se dégradaient.
"L'entrée de navires de secours dans les eaux territoriales italiennes" est "préjudiciable à l'ordre et à la sécurité de l'Etat italien", déclare dans sa directive M. Salvini, qui est le chef de la Ligue, le parti d'extrême droite au pouvoir en coalition avec le Mouvement Cinq Etoiles (M5S), une formation antisystème.
Il évoque le risque que les groupes de migrants "puissent cacher des individus impliqués dans des activités terroristes".
Plusieurs navires humanitaires d'ONG ont déjà été critiqués par Rome pour avoir tenté d'empêcher les garde-côtes libyens de récupérer des migrants en mer et de les ramener en Libye. Les organisations de défense des droits de l'Homme considèrent que la Libye, un pays en crise, n'est pas un endroit sûr pour les migrants.
- "Violation du droit" -
M. Salvini réaffirme dans sa directive que les navires qui recueillent des migrants dans des zones de la Méditerranée sous responsabilité libyenne, lors d'opérations non coordonnées par le centre de commandement situé à Rome, n'ont pas le droit de gagner ensuite des ports italiens.
Le ministre de l'Intérieur a accusé ces navires "d'effectuer le sauvetage de leur propre initiative et de se diriger ensuite vers les frontières maritimes européennes", et cela "en violation du droit maritime international".
M. Salvini a aussi critiqué les navires d'ONG qui tiennent à débarquer les migrants recueillis dans des ports italiens plutôt que dans d'autres ports.
Les côtes italiennes "ne sont pas les seuls lieux de débarquement possibles, étant donné que les ports libyens, tunisiens et maltais peuvent offrir l'assistance logistique et sanitaire appropriée" et "sont plus proches" du lieu du sauvetage que les ports italiens.
M. Salvini, dont la position intransigeante sur l'immigration clandestine l'a fait monter dans les sondages de popularité, a régulièrement promis de parvenir à empêcher tous les navires transportant des migrants d'entrer dans les eaux italiennes.
Il déclare aussi que l'Union européenne doit faire davantage pour accueillir les migrants demandeurs d'asile déjà présents en Italie.
L'UE s'est divisée sur la manière de gérer le problème depuis que la crise des migrants clandestins a débuté en 2015, lorsque plus d'un million d'entre eux sont arrivés sur les côtes européennes.
Avec AFP