Liens d'accessibilité

Dernières nouvelles

Reprise de discussions cruciales sur la transition politique au Soudan


Le général Mohamed Hamdan Dagalo, le numéro deux du chef du Conseil militaire s'exprime dans une conférence à Khartoum, Soudan, mardi, le 30 avril 2019.
Le général Mohamed Hamdan Dagalo, le numéro deux du chef du Conseil militaire s'exprime dans une conférence à Khartoum, Soudan, mardi, le 30 avril 2019.

Le Conseil militaire et les représentants du mouvement de contestation au Soudan ont repris lundi des discussions cruciales sur le transfert du pouvoir à une autorité civile, exigé par les manifestants, sur fond de regain de tensions à Khartoum.

Deux des meneurs de la contestation Omar Digeir et Satea al-Haj, de l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC), participent à ces discussions au Palais de l'amitié, le principal centre de conférence de Khartoum, a précisé à l'AFP une porte-parole Machaer Darraj. Rachid al-Sayed, un autre porte-parole de l'ALC, a confirmé la reprise des discussions.

Des milliers de manifestants campent depuis le 6 avril devant le QG de l'armée à Khartoum. Après avoir obtenu le départ du président Omar el-Béchir le 11 avril, ils réclament au Conseil militaire qu'il cède le pouvoir à une administration civile.

La presse a été tenue éloignée du Palais de l'amitié, où se déroulent les pourparlers que les chefs de la contestation veulent voir aboutir rapidement : ils estiment possible de parvenir en 72 heures à un accord sur le transfert du pouvoir aux civils.

Initialement, les discussions devaient reprendre dimanche à l'initiative de l'armée, mais l'ALC avait demandé plus de temps pour achever des consultations internes.

Dimanche soir, la tension est par ailleurs montée d'un cran à Khartoum lorsque des manifestants ont bloqué une grande artère de la capitale après avoir accusé l'armée d'avoir fermé un pont menant à leur sit-in permanent.

Le Conseil militaire a jugé "totalement inacceptable" ce blocage. "Cela crée du chaos et rend la vie difficile pour les citoyens", a-t-il déclaré dans un communiqué.

Il a par ailleurs démenti des affirmations sur les réseaux sociaux selon lesquelles les forces de sécurité avaient l'intention de disperser le sit-in. "Nous assurons que cela est totalement faux", a indiqué le Conseil militaire.

Lundi, la grande artère de la capitale, le Boulevard du Nil, restait bloquée par les manifestants qui ont dressé des barrages de pierres et mis le feu à des pneus.

Si le pont a rouvert à la circulation, les forces de police et les paramilitaire de la Force de soutien rapide (RSF) ont gardé une forte présence autour de cette artère sans intervenir contre les manifestants qui la bloquent, ont rapporté des journalistes de l'AFP sur place.

- L'armée "optimiste" -

Cela n'a pas empêché l'armée de se dire optimiste dimanche soir sur l'aboutissement des discussions.

Le porte-parole du Conseil militaire, le général Chamseddine Kabbachi, a affirmé que les pourparlers reprendraient dans une "atmosphère optimiste".

Il a ajouté que les négociations visaient à "parvenir à un accord sur l'organisation de la période de transition".

Les pourparlers butent sur plusieurs points.

Les deux parties divergent notamment sur la composition d'un organe appelé à remplacer le Conseil militaire. L'ALC veut qu'il soit dominé par les civils tandis que l'armée cherche à ce qu'il comprenne une majorité de militaires.

Les généraux au pouvoir veulent en outre garder la Charia (loi islamique) comme source de la législation.

La contestation du régime d'Omar el-Béchir avait commencé en décembre avec des manifestations contre le triplement du prix du pain dans un pays traversant une profonde crise économique.

Après son éviction, l'ancien président a été arrêté et est emprisonné avec d'autres responsables de son régime. La justice a également promis de poursuivre les responsables de la mort de protestataires dans la répression des manifestations, dont le nombre atteint 90 selon une association de médecins proche de l'ALC.

Mais depuis la mise à l'écart d'Omar el-Béchir, les chefs militaires n'ont pas montré qu'ils étaient disposés à transférer le pouvoir à une autorité civile.

Ce transfert fédère les composantes de l'ALC qui comprend outre des syndicalistes et des représentants d'associations professionnelles, des chefs de partis politiques qui étaient dans l'opposition.

Le transfert du pouvoir à des civils est également demandé par l'Union africaine (UA), dont la position est soutenue par de grandes puissances comme les Etats-Unis et des pays de l'Union européenne.

XS
SM
MD
LG