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Des familles syriennes victimes du groupe EI demandent des comptes à la coalition internationale


Des membres de la défense civile syrienne, connus sous le nom de Casques blancs, retirent une victime des décombres d'un bâtiment détruit suite à une attaque aérienne à Idlib, Syrie, 15 mars 2017
Des membres de la défense civile syrienne, connus sous le nom de Casques blancs, retirent une victime des décombres d'un bâtiment détruit suite à une attaque aérienne à Idlib, Syrie, 15 mars 2017

Plusieurs familles de Syriens portés disparus après être tombés aux mains de l'organisation Etat islamique (EI) se sont constituées en association pour réclamer à la coalition internationale ayant vaincu le groupe djihadiste en Syrie des informations sur le sort de leurs proches.

"Après avoir perdu pendant des années tout espoir d'obtenir des informations, nous demandons aux pays de la coalition de faire des recherches et de nous informer sur le sort des disparus, car l'effondrement territorial de l'EI offre une opportunité historique", a expliqué mardi, au cours d'une conférence de presse à Paris, Khalil Al Haj Saleh, le président de cette association.

Selon les estimations des ONG, plus de 8.000 personnes, dont de nombreux militants des droits de l'homme et journalistes, ont disparu dès 2013 dans les vastes territoires du nord de la Syrie contrôlés par l'EI.

La coalition internationale dirigée par les Etats-Unis et les Forces démocratiques syriennes (FDS, dominées par les Kurdes) ont repris depuis 2015 une par une les villes conquises par l'EI, jusqu'à la chute en mars dernier de Baghouz, le dernier réduit du "califat", et la proclamation par la coalition de l'élimination territoriale "à 100%" de cette organisation djihadiste.

"Maintenant que la bataille territoriale contre l'EI est finie, la coalition doit s'attaquer au terrible héritage du groupe", a martelé Nadim Houry, une spécialiste de la région à Human Rights Watch (HRW), "c'est une responsabilité morale et juridique".

Les familles présentes à Paris ont perdu un frère, un mari, un père, enlevé par le groupe djihadiste, et n'en ont plus de nouvelles depuis des années. Elles ont été reçues lundi au ministère français des Affaires étrangères pour réclamer la mise en place d'un mécanisme permettant d'établir une base de données, de servir de liaison et de fournir aux autorités locales du nord-est de la Syrie les moyens de traiter ces informations.

"Tous les locaux, toutes les prisons, tous les documents que Daech (l'acronyme arabe de l'EI) a laissés sont entre les mains des services de renseignement des forces de la coalition. Ils doivent nous aider", a insisté M. Al Haj Saleh.

Evoquant les charniers qui renferment des milliers de corps découverts dans les régions de Raqqa et de Deir Ezzor, l'avocat et militant des droits de l'Homme syrien Anouar al Bouni a exhorté les pays de la coalition à fournir des moyens - médecins légistes, experts - nécessaires à l'identification des corps et à la prévention de la destruction de preuves.

"Aujourd'hui, c'est comme si Daech avait commis des crimes sans victimes", a déploré M. Houry.

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