"L'USSF (la Fédération) a complètement échoué à promouvoir l'égalité des sexes", accusent les 28 plaignantes, face à une Fédération "surprise par cette procédure" et prête à de nouveaux échanges avec les joueuses "pour mieux comprendre leurs revendications et problèmes".
Dans leur combat, les footballeuses de la Team USA pourront s'inspirer des pays scandinaves, pionniers en la matière.
En 2017, les footballeuses danoises ont fait grève pour protester contre leurs modestes rémunérations.
La même année, les capitaines des sélections féminine et masculine norvégiennes, Maren Mjelde et Stefan Johansen, ont symboliquement signé un accord instaurant l'égalité salariale entre leurs deux équipes.
Pour y parvenir, la fédération locale a organisé un transfert vers la sélection féminine d'une partie des montants des recettes de sponsoring récoltées pour l'équipe masculine. Et elle n'a pas hésité à communiquer autour de cette initiative pour en faire une source "d'inspiration à l'international".
- "Peu de gens veulent payer" -
En Australie, si l'égalité n'est pas là, des progrès notables ont été accomplis avec une augmentation de salaires en 2017 et un plan d'action lancé en 2019.
Ca n'a pas vraiment été le cas en Corée du Sud, où le fossé entre les rémunérations et les conditions de travail des hommes et des femmes demeure.
En 2015, la Fédération coréenne de football (KFA) a été critiquée publiquement pour faire voyager l'équipe nationale féminine - dont la joueuse de Chelsea Ji So-Yun - en classe économique, pendant que les hommes avaient droit à la classe affaires. "Les joueurs apportent beaucoup plus d'argent à la Fédération", avait alors réagi la KFA.
Le championnat féminin sud-coréen n'a pas trouvé de sponsors et les joueuses, semi-professionnelles, ont des salaires à des années-lumière de leurs homologues masculins. "Le marché n'est pas là parce que peu de gens veulent payer pour regarder le football féminin. Et cela tient en partie au sexisme, qui existe bel et bien sur la scène sportive en Corée du Sud", estime le chercheur Choi Dong-ho.
En Italie, les joueuses n'ont pas le statut professionnel et reçoivent une indemnité maximale de 30.658 euros par an, ainsi que des remboursements de frais, pour des salaires qui ne dépassent pas 3.000 ou 4.000 euros par mois.
- "Incomparables" -
"Dans l'avenir, le foot féminin aura autant d'importance que le masculin", veut pourtant croire la gardienne de la Juventus et de la Nazionale Laura Giuliani, interrogée par l'AFP fin 2017. "On est encore amateures. Mais on va vers le semi-professionnalisme, puis à l'avenir vers le professionnalisme. Les salaires sont naturellement incomparables. Nous sommes amateures, il y a une limite qu'on ne peut pas dépasser".
En France, la joueuse la mieux payée et premier Ballon d'Or du foot féminin, la Norvégienne Ada Hegerberg (Olympique lyonnais), perçoit un salaire record d'environ 400.000 euros par an, contre quelque 30 millions pour le Brésilien Neymar au PSG d'après la presse. Et la moyenne en D1 féminine, partagée entre un gotha de clubs dominants (Lyon, PSG) et de toutes petites écuries, tourne plutôt autour de 3.500 euros mensuels.
Mais l'évolution des salaires dépend de celle de l'écosystème global du football féminin, entre sponsors et droits TV, comme le soulignait la vice-présidente de la Fédération française Brigitte Henriques, dans un colloque à Paris au mois de février. "Très sincèrement, je préfère qu'on mène le combat de convaincre les partenaires de s'engager et faire le pari de l'économie du foot féminin. De faire en sorte que le sport féminin rapporte de l'argent pour enclencher ce cercle vertueux. Après, il n'y aura plus le souci d'égalité salariale".
A la Coupe du monde, la dotation globale, partagée entre 24 équipes, sera de 30 millions de dollars, contre 400 millions l'été dernier en Russie. Mais c'est déjà deux fois plus qu'en 2015 lors du dernier Mondial féminin.