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Démission du ministre de la Justice guinéen en plein débat constitutionnel


Le président guinéen Alpha Condé s'adresse aux députés lors d'une session plénière au Parlement européen, le 29 mai 2018, à Strasbourg, dans l'est de la France.
Le président guinéen Alpha Condé s'adresse aux députés lors d'une session plénière au Parlement européen, le 29 mai 2018, à Strasbourg, dans l'est de la France.

Le ministre guinéen de la Justice, Cheick Sako, a présenté sa démission au président Alpha Condé, au moment où le pays connaît un vif débat sur l'opportunité d'une nouvelle Constitution, a-t-on appris lundi de sources concordantes.

Ancien opposant historique et premier président démocratiquement élu de cette ex-colonie française d'Afrique de l'Ouest, Alpha Condé, dont le deuxième mandat s'achève en 2020, a souvent contesté la pertinence de la limitation du nombre de mandats sur le continent - deux maximum en Guinée.

Dans une lettre au chef de l'Etat consultée par l'AFP, le ministre affirme présenter sa démission faute de réponse de M. Condé à sa demande, lors d'un entretien le 4 avril, de le remplacer dans les fonctions qu'il exerce depuis près de cinq ans et demi.

"Par ailleurs, je n'ai pas été associé à la rédaction de la nouvelle Constitution en ma qualité de garde des sceaux", écrit-il. "Compte tenu de ma position personnelle contre toute modification ou changement de la Constitution en vigueur, vous comprendrez que je ne puisse plus continuer à exercer la fonction de ministre de la Justice".

Cette démission a été confirmée par l'AFP par des sources proches du ministère de la Justice, dont l'une a indiqué que le départ de M. Sako était motivé par "plusieurs raisons, notamment l'ingérence dans les affaires judiciaires des pouvoirs publics".

M. Condé, 81 ans, n'a jusqu'à présent pas annoncé de modification de la Constitution afin de pouvoir se représenter en 2020, mais plusieurs de ses déclarations récentes ont été interprétées en ce sens.

Et le 18 mai, la direction de son parti lui a demandé "avant la fin de son second mandat de doter le pays d'une loi fondamentale votée par référendum par le peuple souverain".

Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), créé en avril pour s'opposer à un troisième mandat, s'est félicité dans un communiqué de la "décision salutaire du ministre" de la Justice.

Cette démission confirme les soupçons visant M. Condé de "vouloir modifier ou changer la Constitution pour se maintenir au pouvoir à vie", selon le FNDC, qui en appelle aux autres membres du gouvernement et des institutions "pour qu'ils se désolidarisent de ce projet maléfique de troisième mandat".

Pour le vice-président de l'Union des Forces Républicaines (UFR - opposition), Ibrahima Bangoura, interrogé par l'AFP, la démission d'un ministre régalien de cette importance "veut dire que ce régime-là s'est totalement décrédibilisé".

Sollicité par l'AFP, un responsable du parti au pouvoir s'est refusé à tout commentaire dans l'immédiat.

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