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L’avenir de Netanyahu à nouveau en jeu dans les urnes


Le ministre israélien Benjamin Netanyahu parle lors d'une cérémonie à l'occasion de la remise à l'armée de l'air israélienne du système d'interception David's Sling ("Fronde de David"), le 2 avril 2017.
Le ministre israélien Benjamin Netanyahu parle lors d'une cérémonie à l'occasion de la remise à l'armée de l'air israélienne du système d'interception David's Sling ("Fronde de David"), le 2 avril 2017.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a essuyé un revers cinglant en échouant dans ses efforts pour former une coalition de gouvernement, et a préféré provoquer de nouvelles élections quelques mois à peine après le précédent scrutin, du jamais vu en Israël.

A l'issue d'une journée de débats envenimés et sous les cris de "Honte à vous" lancés par l'opposition, le Parlement a voté à la première heure jeudi sa propre dissolution et la tenue de nouvelles élections, un mois après avoir prêté serment à la suite des législatives anticipées du 9 avril.

Les Israéliens retourneront aux urnes le 17 septembre.

C'est une rare défaite pour le flamboyant et orgueilleux M. Netanyahu, au pouvoir sans discontinuer depuis 2009 et plus de 13 ans au total en comptant un précédent mandat. Elle illustre la vulnérabilité du Premier ministre sortant, pas loin de passer pour imbattable mais fragilisé par sa possible inculpation dans trois affaires de corruption présumée.

Ce fiasco remet en outre en question la présentation de l'initiative de l'administration américaine de Donald Trump pour résoudre le conflit israélo-palestinien. Le gouvernement américain doit divulguer fin juin le volet économique de ce plan. Peut-il ensuite en mettre l'intégralité sur la table ? C'est un gros risque en pleine campagne israélienne.

Sans évoquer spécifiquement le plan, M. Trump, qui a multiplié les faveurs envers M. Netanyahu, s'est permis une incursion de plus sur la scène israélienne.

Les Israéliens "sont de retour à la case élection. C'est dommage", a-t-il déclaré, louant de nouveau en M. Netanyahu "un type fantastique".

Au même moment, son gendre et conseiller Jared Kushner, cerveau du plan américain, rencontrait M. Netanyahu à Jérusalem, troisième étape d'une tournée régionale.

Le "petit incident de la nuit dernière" ne va pas empêcher (les deux pays) de continuer à travailler ensemble, a assuré le Premier ministre.

"Pas une option"

L'avenir de M. Netanyahu réputé autant pour sa virtuosité que son instinct de survie sera en jeu aux élections de septembre. L'issue de la consultation s'annonce, à cette heure, aussi incertaine que celle d'avril.

M. Netanyahu, 69 ans, en était ressorti le mieux placé pour former le prochain gouvernement et battre le record de longévité de l'historique David Ben Gourion au poste de Premier ministre, en s'appuyant sur une majorité parlementaire théorique de 65 voix sur 120.

En réalité, il n'a pas réussi dans le délai imparti -mercredi minuit- à former une coalition avec les partis de droite plus ou moins centristes ou radicaux et les formations ultra-orthodoxes représentant les quelque 10% d'Israéliens observant rigoureusement les règles du judaïsme.

Plutôt que de voir le président Reuven Rivlin donner sa chance à un autre, il a fait le choix d'initier de nouvelles élections, prêtant davantage le flanc à l'accusation de s'accrocher à son poste pour sauver sa peau.

Depuis des mois, la presse rapporte les projets de M. Netanyahu et de ses alliés de faire adopter des textes prémunissant le Premier ministre contre les poursuites.

Si le Premier ministre s'était désisté au profit d'une autre personnalité de son parti de droite Likoud, "il aurait suffi d'un journée ou d'un coup de fil pour former un gouvernement Likoud/Bleu-blanc (la liste qui a fini à égalité avec le Likoud le 9 avril), un gouvernement très stable de centre droit", a dit le politologue Yohanan Plesner.

"Mais ce (n'est) pas une option tant que Netanyahu dirige le Likoud", a-t-il dit.

Début de la fin ?

Le plan de route de M. Netanyahu a dérapé sur le vieil antagonisme entre laïcs nationalistes et ultra-orthodoxes, autour de l'exemption de service militaire dont bénéficient des dizaines de milliers d'étudiants des écoles talmudiques.

Avigdor Lieberman, chef du parti nationaliste et laïc Israël Beiteinou, s'est arc-bouté sur l'exigence d'une loi annulant l'exemption systématique des ultra-orthodoxes. Une "question de principe" pour M. Lieberman. Une ligne rouge pour les ultra-orthodoxes.

"Nous voulons un gouvernement de droite et nationaliste, mais pas religieux", a déclaré M. Lieberman jeudi, "les Israéliens en ont marre de la capitulation devant les ultra-orthodoxes".

M. Netanyahu a mésestimé le danger Lieberman, selon le quotidien Israel Hayom, généralement favorable au Premier ministre.

Depuis avril, les démêlés judiciaires de M. Netanyahu et la publication des projets législatifs qui lui sont prêtés pour se protéger ont en outre réduit sa marge de manoeuvre, juge Yohanan Plesner.

L'échec de M. Netanyahu mercredi peut "signaler le début de la fin" pour lui, et "il n'est plus aussi fort que par le passé", estime Abraham Diskin, professeur de Sciences politiques. Mais "Netanyahu est une personnalité très forte, il ne se rend pas aussi facilement. Il va se battre".

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