En avril dernier, la condamnation d'une Béninoise à dix ans de prison ferme pour trafic d'enfants au Gabon a provoqué l'émoi au Bénin.
Le centre de référence béninois qui recueille les enfants abusés et exploités, est tenu par des religieuses, les salésiennes de Don Bosco. Sœur Marie Antonietta est au Bénin depuis 1992.
"Dans notre projet on a pensé à humaniser le métier de Vidomègon, c'est-à-dire faire en sorte que ces enfants puissent découvrir qu'ils sont des êtres humains et qu'ils peuvent faire quelque chose de leur vie, et ensuite les aider à apprendre un métier", explique-t-elle à VOA Afrique.
Des dizaines d’enfants franchissent la porte de la Maison de l'espérance des sœurs salésiennes. Parmi eux, Natacha, qui avait moins de 10 ans quand elle est venue pour fuir les mauvais traitements d'une dame à qui elle a été confiée. Aujourd'hui âgée de 20 ans, elle attend les résultats du baccalauréat.
"De placement en placement, un jour j'ai dit non. J'avais huit ans. J'en avais marre d'être placée : les tutrices recevaient l'argent et je devrais subir. C'est ainsi que je me suis retrouvée chez les sœurs".
Ils sont nombreux, à l'image de Natacha, à être confiés à des ménages contre rémunération. Certains enfants sont envoyés au Togo, au Nigeria ou au Gabon.
Des associations travaillent pour freiner le phénomène. C'est le cas de l'ONG Enfants de demain qui travaille dans les zones réculées du Bénin pour freiner le trafic transfrontalier. Pour Ernest Cachon, le chargé des programmes de cette ONG, la tâche est difficile, surtout dans les communes reculées.
"Au départ, la population était réticente, jurant qu'il n'y avait pas de trafic dans la commune', se rappelle-t-il. "Mais à force de donner la définition, les manifestations et les conséquences de la traite des enfants, nous avons pu récupérer 23 enfants victimes ou à risque et ainsi mener des actions à titre préventif."
Selon l'UNICEF, le taux des enfants exploités pour différentes tâches a franchi la barre des 52%. Des chiffres en hausse malgré la gratuité de l'école comme moyen pour repousser le phénomène.
Pour Sœur Marie Antonietta, il faut qu'en plus de la sensibilisation, la répression commence pour que les enfants cessent de souffrir:"Le Bénin a signé la convention des droits des enfants. Il y a la loi qui interdit le travail des mineurs de moins de 14 ans. Mais si les sanctions ne tombent pas, les efforts seront vains".
En attendant l’éradication du phénomène au Bénin, des enfants privés d’école passent des journées entières dans les marchés et autres lieux de commerce et sont livrés en permanence à tous les dangers et toutes sortes d’abus.