"Rien qu'à Addis Abeba, 56 de nos membres et sympathisants ont été arrêtés, tandis que des dizaines d'autres ont aussi été arrêtés en région oromo", située au sud de la région amhara, a dit Christian Tadese, porte-parole du Mouvement national amhara (NaMa).
"Cette campagne d'arrestations contre des membres et sympathisants du NaMa ne vise pas juste un parti, c'est une attaque contre une identité", celle de l'ethnie amhara, a accusé le porte-parole.
Trois hauts responsables de l'Amhara, dont le président de cette région, ont été assassinés samedi à Bahir Dar, la capitale régionale. Cette attaque est, selon les autorités, liée à l'assassinat quelques heures plus tard du chef de l'état-major de l'armée éthiopienne Seare Mekonnen, tué par son garde du corps à Addis Abeba alors qu'il organisait la réponse à l'attaque de Bahir Dar.
Ces attaques sont en rapport avec la crise politico-ethnique que traverse l'Ethiopie et sont considérées comme un coup porté à l'agenda réformateur et progressiste du Premier ministre Abiy Ahmed, entré en fonction en avril 2018.
Abiy Ahmed s'est efforcé de démocratiser le pays, légalisant des groupes dissidents et améliorant la liberté de la presse. Mais cet assouplissement a également permis une expression plus libre des tensions intercommunautaires et nationalismes ethniques.
Le NaMa est un parti ethno-nationaliste relativement récent et de plus en plus populaire auprès des Amhara, la deuxième ethnie d'Ethiopie, au point de sérieusement concurrencer le Parti démocratique amhara (ADP), qui représente cette région au sein de la coalition au pouvoir à Addis Abeba.
Or, l'homme accusé d'avoir fomenté la tentative de renversement du gouvernement régional de l'Amhara, le général Asaminew Tsige, un ethno-nationaliste ayant ouvertement entrepris de créer des milices ethniques, "défend de nombreuses questions que défend" le NaMa, a noté le centre de recherche géo-politique International Crisis Group dans un communiqué publié mardi.
Un employé du bureau du procureur général d'Ethiopie a indiqué jeudi à l'AFP sous couvert de l'anonymat que trois de ses collègues ont été arrêtés.
Un journaliste et membre de la société civile éthiopienne, Elias Gebru, a lui aussi assuré que trois de ses collègues ont été arrêtés et faisaient partie d'un groupe de six personnes ayant comparu mercredi devant un juge en lien avec la "tentative de coup d'Etat" de samedi dernier.