La ministre allemande de la Défense, une chrétienne-démocrate proche d’Angela Merkel, devra obtenir la majorité absolue des membres du Parlement, soit au moins 374 voix sur les 747 siégeant actuellement (sur un effectif théorique de 751).
Elle se sera auparavant adressée une dernière fois à eux, mardi matin, durant un débat en session plénière à Strasbourg. Le vote débutera à 18 heures. Les résultats devraient être connus entre 19h30 et 20h.
Peu préparée à un rôle pour lequel elle a été désignée in extremis par les Etats membres, la candidate n’a pas déclenché l’enthousiasme des groupes politiques qui l’ont auditionnée la semaine passée.
Ceux-ci ont par ailleurs peu apprécié que le Conseil européen rejette le système des “Spitzenkandidaten” par lequel il aurait dû, selon eux, nommer à la présidence de la Commission le candidat désigné à l’avance par la force politique arrivée en tête, à savoir le Parti populaire européen (conservateur).
Ursula von der Leyen devrait néanmoins obtenir “un large soutien” de son propre groupe, le PPE, a indiqué à Reuters une source interne, ce en dépit du fait que son président, l’Allemand Manfred Weber, ait été écarté d’un poste qu’il briguait lui-même au nom de ce principe.
Renaissance Europe, l’ex-groupe libéral-démocrate dont les députés macronistes constituent aujourd’hui la première force, devrait également entériner un choix qui résulte d’un compromis franco-allemand.
“BEAUCOUP D’AMERTUME”
Leur président, Dacian Ciolos, a toutefois conditionné l’appui de ses troupes à plusieurs engagements de la candidate sur “un mécanisme de suivi et de défense de l’Etat de droit”, une “conférence sur l’avenir de l’Europe” et un poste de commissaire important pour sa propre candidate, la Danoise Margrethe Vestager.
Plus encore qu’en 2014, la nomination d’une présidente conservatrice ne pourra toutefois être acquise sans les voix des sociaux-démocrates, dans un contexte d’affaiblissement des partis de centre droit et de centre gauche au profit des extrêmes, principalement eurosceptiques et de droite.
“Il y a beaucoup d’amertume dans le groupe. Les plus virulents sont les Allemands du SPD”, a indiqué à Reuters une source interne au groupe.
Les sociaux-démocrates-allemands ont du mal à accepter l’éviction d’un des leurs, le Néerlandais Frans Timmermans, vice-président de la Commission européenne sortante, qui briguait également la présidence de la Commission.
Confrontés à une chute de leurs scores en Allemagne depuis qu’ils participent au gouvernement chrétien-démocrate d’Angela Merkel, ils ont également du mal à entériner le choix de celle-ci, même si elle s’était abstenue au Conseil européen pour le pas les froisser.
Lundi après-midi, Ursula von der Leyen était déjà à Strasbourg, où elle rencontrait les groupes politiques, et elle a lancé une opération de séduction en direction des socialistes.
Dans des lettres envoyées aux dirigeants des groupes socialiste et libéral, elle défend le principe d’un salaire minimum et d’allocations-chômage pour tous les travailleurs de l’Union et se prononce pour plus de souplesse dans l’interprétation des règles budgétaires de l’UE afin de favoriser la croissance, ce qui marque une évolution par rapport à la politique traditionnelle de l’Allemagne..
Les Verts et la gauche radicale ont annoncé de leur côté qu’ils voteraient contre la candidate du Conseil, bien qu’elle se soit déclarée favorable à une réduction pouvant aller jusqu’à 55% des émissions de carbone de l’UE d’ici 2030, alors qu’elle ne proposait jusqu’alors que 40%.
Avec Reuters